rencontre au sommet [pv Nindaeï]

L'hiver se faisait rapprochais de plus en plus, une légère pellicule de givre couvrait déjà l'herbe et les feuilles des arbres. Au moins pas un froid pareil, le nombre de promeneurs était heureusement très faible.

Le froid ne me dérangeais pas, au contraire, il m'aidait à réfléchir. Je ne connaissais rien de plus vivifiant que la légère morsure du froid sur mon visage. A chacune de mes respirations, un petit nuage de fumée s'élevait, dû à ce que je fumais mais aussi à la basse température.

La neige n'allait pas tarder. Mais comme toute les choses dans Aeoris, elle ne resterait pas blanche et immaculée pendant longtemps. Au bout de quelques heures elle prenait toujours une teinte noirâtre et boueuse. En fait elle reflétait parfaitement la ville et son contenu.

L'opium était devenu une de mes très mauvaises habitudes. Le plus ironique était que je l'achetait indirectement à celle qui dominait le marché, et accessoirement ma pire ennemie. Le sort a un sens de l'humour douteux, un peu comme le mien en somme.

Malgré tout il y avait quelques personnes que le froid ne rebutait pas, l'une d'elle était facilement repérable, de par la grande faux accrochée à son dos et à l'aura quelque peu...rebutante qui émanait de sa personne. De fait, il valait mieux éviter de croiser sa route.

Tout comme moi, assise en tailleur sur un petit autel décrépis érigé pour un dieu sans doute oublié ou insignifiant, elle ne cherchait pas non plus à ne pas se faire remarquer.

"Bonsoir Nindaeï."

Quel froid agréable. Nindaeï inspira profondément. Avec une telle température, elle se sentait en symbiose avec son élément. Se balader au parc avait des vertus que peu pouvait imaginer de ce point de vue. Tout d'abord, le nombre restreint de badauds. Un plus non négligeable. Moins il y avait de monde, mieux c'était. En second, le jardin demeurait un des endroits les plus paisibles d'Aeoris, malgré les coupe-gorges qui y élisaient domicile. Et finalement, les plantes qui s'y trouvaient avaient un côté apaisant. Plus de nature ne pouvait être que bénéfique pour quelqu'un détestant les foules.

Ce soir aurait pu sembler être un soir comme tous les autres, où seulement une balade à la hâte l'animait. Or, ce n'était pas le cas. Pour la première fois, la vampire rencontrerait la cheffe de faction seule à seule. Et cela la motivait particulièrement. Avoir un écart dans un horaire déjà très libre apportait une sorte d'auto-satisfaction pour elle. Cela remplissait le vide. Durant un court instant. Jusqu'à ce qu'il reparte à la charge.

Le lieu de rendez-vous se faisait toujours plus proche. Plus que quelques mètres avant de rejoindre Eowen. Nul nuage de fraîcheur s'échappait des lèvres blanches de la cryomancienne encapuchonnée, privée de respiration.

Dès qu'elle se trouva à proximité de sa cheffe assise sur un autel antique, elle retira sa capuche par signe de respect et lui répondit à son tour :

-Bonsoir, Eowen.

Malgré les rumeurs sur l'apparence d'Eowen, Nindaeï s'était laissée bercer par le goût de l'inconnu. Seuls ses propres yeux pouvaient juger. Les autres n'avaient pas le moindre intérêt à son goût. Néanmoins, sa plus grande surprise fut de constater l'aura qui émanait d'elle. Une aura froide... Pas comme de la glace, mais plutôt comme une obscurité si profonde que l'on a l'impression que la chaleur et la lumière n'ont jamais pu lancer le moindre rai au travers depuis des millénaires.

La curiosité la titillait un peu... En ce jour, aucune information précise n'avait émanée de cette rencontre, juste un lieu et une heure. Pas de raisons. Ni de devoirs. Que voulait-elle de particulier ? Peut-être valait-il mieux laisser les événements se dérouler et se poser des questions au fur et à mesure ? Excellente suggestion.

Sa main droite sur la hanche, la Marcheuse continua.

-Heureuse de pouvoir enfin te rencontrer en personne.

Elle esquissa un fin sourire plus de politesse que de parfaite gaieté de cœur. Ce n'est pas comme si sourire lui semblait dur, mais c'était tout comme. Et à vrai dire, cela avait un côté presque effrayant.

« Bravo pour l'entrée en matière... Très classique. Trop classique même. »

Mon invitée ne semblait pas mal à l'aise ou même effrayée, contrairement à la majeure partie des gens (même de ma faction) avec qui il m'arrivait de parler. C'était plus de la curiosité. Il était vrai que malgré le fait qu'elle soit cheffe de guilde depuis quelques temps déjà nous n'avions pas eu l'occasion de nous rencontrer.

-Bonsoir, Eowen.

Je fis un léger hochement de tête. Une fois qu'elle eut enlever son capuchon je pu me rendre compte que sa réputation ne déméritait pas. Les vampires sont généralement beaux de nature, et elle l'était. N'étant pas de la gente masculine je n'en m'en rendais sans doute pas pleinement compte mais on m'avait fait de son apparence un portrait élogieux et la vérité s'accordait avec ce que je voyais. Tout comme pour moi, la couleur de ses yeux était particulière.

-Heureuse de pouvoir enfin te rencontrer en personne.

Son sourire parut plus forcé que vraiment sympathique,en fait forcé n'était peut être pas le mot qui convenait, c'était plus comme si elle n'en avait pas l'habitude.

« Bravo pour l'entrée en matière... Très classique. Trop classique même. »

Écouter les pensées des gens était devenu une telle habitude que je perçu ce qu'elle pensa sans même le vouloir. J'allais devoir réprimer cette très mauvaise habitude, je ne souhaitait pas me montrer impolie avec elle. J'estimais mes chefs de guildes (même si un certain Blake m'avait déjà causé des ennuis). Heureusement, elle n'était pas capable de savoir que je l'avais entendue penser.

"Le plaisir est partagé Nindaeï"

Je fis un geste l'invitant à venir prendre place à côté de moi, cette atmosphère quelque peu cérémonieuse ne me convenait guère et avait l'air de ne pas la mettre à l'aise, moi non plus, je dois bien l'admettre.

Dès qu'Eowen l'invita à prendre place, Nindaeï relâcha son sourire forcé et alla s'installer à côté d'elle. Après avoir épousseté sa jupe, ses iris fixèrent la girudomasuta avec intérêt. Son expression impassible ne devait sans doute pas être le meilleur moyen d'entamer une discussion sur une base totalement positive. Mais bon, il fallait faire avec.

Néanmoins, quelques questions lui brûlaient les lèvres. Pourquoi voulait-elle la rencontrer ? Avoir un contact social avec ses subordonnés est certes fondamental, cependant pourquoi maintenant ? Et pas avant ? Ni après ? Un surplus de travail ? 

Faisant mine d'entrer lentement dans le sujet par des détournements, la vampire jeta un regard aux alentours, balayant les lieux rapidement.

-Drôle d'endroit pour une rencontre, non ?

Question stupide pour parler de la pluie et du beau temps avant de poser sa question. Un endroit choisi avec aisance du moins, un lieu qui lui plaisait. Elle aurait presque préféré un cimetière au milieu de nulle part, mais bon...

« Tsh... De mieux en mieux. »

A vrai dire, c'était une première pour elle. Jamais, la sorcière de glace n'avait dû vraiment s'adresser à une supérieure, hormis sa mère il y plusieurs décennies de cela. Et même avec la meilleure volonté du monde, la faucheuse avait dû mal à ne pas faire d'écart d'arrogance ou de refus d'autorité. Un vrai caractère de manticore quand elle s'y mettait. Sans hésitation, la « jeune fille » s'éclipsait des réceptions que sa figure maternelle organisait, quitte à devoir assumer les noms d'oiseaux et les châtiments qui s'en suivaient. Suivre son esprit spontané. Sa manière de penser de l'instant et non sur le long terme. C'est la manière qu'elle avait de chasser l'ennui sous toutes ses formes. Tant pis si cela ne plaisait pas à tout le monde ou que cela pouvait la mettre dans des situations ambiguës.

Même si elle ne le montrait pas, je sentais bien qu'un grand nombre de questions se bousculaient dans sa tête. C'est vrai que ma démarche pouvait paraitre inhabituelle.

-Drôle d'endroit pour une rencontre, non ?

A croire qu'elle ne souhaitais pas entrer la première dans le vif du sujet. D'ailleurs il n'y avait pas vraiment de sujet que je voulais spécifiquement aborder avec elle. Cette rencontre avait pour moi qu'un seul but. Je désirais apprendre à mieux la connaître. Elle était cheffe de guilde depuis maintenant un certain temps et je voulais voir si mon choix avait été le bon. Et pour me faire un avis sur la question mieux valait que je la rencontrer en personne. Il valait mieux connaître les gens susceptibles de vous porter préjudices, et même si je n'avais pas trop de soucis à me faire de ce côté de là je préférais prendre des précautions.

Quand au choix de l'endroit, c'est vrai qu'elle aurait pu s'attendre à un endroit plus discret. En fait, j'avais choisi le parc, car même s'il y avait peu de monde à cette période de l'année, il y avait quand même des gens qui traversaient de parc et ses gens, comme tout imbéciles qu'ils sont, parlent beaucoup. Le fait de rencontrer Nindaeï me permettait de montrer que contrairement aux autres factions j'avais des bonnes relations avec mes chefs de guildes. Car cela s'était déjà vu qu'un chef de guilde ayant trop d'ambition et étant en conflit avec son chef de faction se retrouvent avec le soutient de ceux qui espèrent renverser ce chef de faction...Lady Butterfly allait avoir bien des ennuis étant donné la population actuelle de la Noble Alliance...rien ne pouvait me faire plus plaisir.

"En quoi est-ce un drôle de choix?"

D'une certaine manière, Nindaeï percevait comme un mélange de curiosité et de devoir chez Eowen. Connaître de manière plus approfondie ses cheffes de guilde empêchait mutinerie et soulèvement de tout genre. Bien évidemment, la vampire n'avait pas autant d'ambition. Gouverner ne faisait ni partie de ses objectifs, ni de ses volontés. Aucunement, elle ne pourrait imaginer pareil scénario de sa part. Visiblement, sa cheffe, elle, devait vouloir s'en assurer d'un côté.

Sa tête partit légèrement en arrière, fixant le firmament.

-Le parc n'est pas réputé pour être un endroit très sûr. Des oreilles se trouvent partout, ainsi que des coupe-gorges en tout genres. Même si c'est en plein air...

D'un côté, ce n'est pas comme si elle allait parler d'affaires confidentielles et de secrets d'état. Ce qu'elle pouvait en faire des ratées en si peu de temps. Ce n'était pas par stress, plus par gêne. Et oui, malgré ses airs froids et hautains, elle pouvait se sentir gênée.

En fait, malgré toutes les années qu'elle avait vécues, l'immortelle pouvait parfois ressentir des sortes de blocages sociaux. L'isolement, le besoin de solitude et la misanthropie n'avaient pas aidé. Après tout, elle considérait la plupart du temps les humains comme des poches à sang ambulantes avant de montrer un quelconque intérêt, tandis que les autres vampires n'étaient que des rivaux ou des vautours cherchant la fortune des Daeithil. Vivre avec la méfiance. Rabaisser les autres pour trouver une valeur à sa propre vie. C'était son mode de fonctionnement. Certes, ce genre d'engrenages s'enrayaient aisément. Un véritable problème pour expliquer les failles dans son armure.

-En fait, pourquoi voulais-tu particulièrement me rencontrer ?


La réponse, elle la savait déjà, mais ses oreilles voulaient entendre la réponse d'elles-mêmes.

-Le parc n'est pas réputé pour être un endroit très sûr. Des oreilles se trouvent partout, ainsi que des coupe-gorges en tout genres. Même si c'est en plein air...

Je souris à sa remarque, ce n'était pas comme si elle ou moi avions quelque chose à craindre de qui que ce soit. Et j'avais choisis le lieu de manière à être vue avec elle, des rumeurs couraient sur une léger affaiblissement des Marcheurs, et je devais étouffer ces bruits avant qu'ils ne prennent trop d'ampleur. Il est vrai que la prise de pouvoir de celle dont je me faisais une joie d'arracher un jour les ailes m'avait contrainte à quelques mesures déplaisantes. De toute façon je n'avais pas l'intention de parler avec Nindaeï de choses importantes, de toute façon je n'avais pas pris pour habitude de mettre mes chefs de faction dans la confidence lorsque j'élaborais mes stratégies.

Les remarques successives de mon interlocutrice m'avait au moins permis de comprendre que malgré ses airs, elle paraissait gênée. Je ne savais pas pourquoi, que ce soit par le lieu, ou moi, je ne m'en souciais guère.

-En fait, pourquoi voulais-tu particulièrement me rencontrer ?

L'honnêteté n'était pas un option que je pouvais me permettre, Nindaeï pouvait sans doute déduire la raison de son invitation seule, mais elle souhaitait apparemment l'entendre de ma bouche. Je n'allais pas lui faire ce plaisir.

"Cela fait déjà plusieurs mois que tu as été promue au rang de cheffe de guilde. Il m'a semblé extrêmement incorrect de ne pas t'avoir rencontrée en personne après le temps qui s'est écoulé. Je veux rattraper une impolitesse de ma part, tout simplement."

"Cela fait déjà plusieurs mois que tu as été promue au rang de cheffe de guilde. Il m'a semblé extrêmement incorrect de ne pas t'avoir rencontrée en personne après le temps qui s'est écoulé. Je veux rattraper une impolitesse de ma part, tout simplement."

Rattraper une impolitesse ? Cela semblait presque tard pour une simple impolitesse. Trop de facteurs ne coïncidaient pas. Néanmoins, Nindaeï choisit de jouer la carte de la confiance. Après tout, ce n’était que par un élan de curiosité qu’elle désirait connaître les motifs qui motivaient sa girudomasuta. D’une certaine manière, ces questions permettaient aussi de diminuer sa gêne.

Haussant un sourcil, la vampire ajouta :

-Donc, de quoi voudrais-tu me parler ? Faire connaissance ? Rester ici à se contempler n’est pas non plus des plus distrayants.

Non pas qu’elle s’impatientait, juste que sa curiosité était suffisamment titillée pour avoir envie de discuter et ne pas se plonger dans un silence de marbre. Eowen avait de la chance que sa partenaire de discussion soit à ce point loquace et de bonne humeur. Même si elle n'attendait pas de réponse véritable, vu que sa vis-à-vis ne semblait pas enclin à la partager aussi aisément, la Marcheuse espérait alors un joli mensonge. Une raison à laquelle se raccrocher pour ne pas avoir l'impression de s'enraciner ici et d'y perdre un temps, non pas précieux, mais pouvant être utilisé pour autre chose.

Après tout, ce n’était pas dans ses habitudes de participer à ce genre d’entrevues. Elle n’aurait pas eu la volonté de l’organiser, mais en avait suffisamment pour y participer.

-Donc, de quoi voudrais-tu me parler ? Faire connaissance ? Rester ici à se contempler n’est pas non plus des plus distrayants.

J'avais du mal à cerner le personnage. On me l'avait décrite comme une femme cruelle, froide et méticuleuse. Mais il semblait que j'avais en face de moi quelqu'un de presque...gêné. Il y avait de quoi l'être bien sûr. D'autre l'auraient été à moins. Mais la vampire qui faisait face n'était pas quelqu'un de très sociable,ou même loquace, c'était aisé à deviner. Il était compréhensible qu'elle ne se sente pas nécessaire dans son élément.

Et contrairement à ce qu'elle disait, rester à se contempler était pour ma part, peut être pas distrayant, mais au moins instructif.

Cependant mon interlocutrice semblait vouloir entrer dans le vif du sujet, mais elle devait avoir compris, au regard de mes précédentes réponses qu'elle ne devait pas s'attendre à beaucoup d'honnêteté de ma part.

"Je pense que faire connaissance serait un bon début, mais je pense que tu es aussi peu disposée à me parler de toi que je peux moi même l'être à mon sujet."

En général nos histoires contenaient beaucoup de sang, de cris et de larmes.

Et puis après tout, je pouvais toujours tenter.

"Je veux m'assurer de ta fidélité. Laisse moi être plus précise, je ne remet en aucun cas ta...bonne volonté en doute. Ce que tu as accomplis pour la faction est admirable. C'est de ta loyauté envers moi que je veux m'assurer. En ces temps troublés...il est bon de savoir à qui se fier. La loyauté d'un ennemi ne flanche jamais, celle d'un allié par contre..."

Peu disposée à parler d'elle, Nindaeï ne parlait même jamais de sa vie. Non pas qu'elle en avait honte ou je-ne-sais-quoi, cela était juste par refus de se dévoiler. Avec ses pupilles rougeoyantes, la vampire fixait Eowen avec un regard particulier, comme si elle tentait de lire en elle sans être intrusive pour autant.

Néanmoins, le fait que son interlocutrice révèle ses intentions et la louange la flattait. De plus, si la nécromante avait choisi de lui parler directement plutôt que de ne baser son jugement que sur les rumeurs et les rapports des membres de la faction prouvait qu'elle démontrait à un certain intérêt à cette situation et qu'elle était potentiellement enclin à lui accorder un minimum de confiance.

-Je n'ai aucune raison de trahir la faction qui m'a tendu la main quand je ne possédais plus rien.

Ce qu'elle recherchait lors de son exil, c'était une main tendue. Et elle l'avait trouvée. Lors de ses retrouvailles avec Exard dans les Grandes Failles, son but avait été atteint. Même si elle était égoïste, manipulatrice et arrogante, la vampire était dotée d'un certain sens de la loyauté indéfectible. Le peu de personnes qui attisaient son intérêt devenaient des privilégiés. Un comité restreint pour lequel la cryomancienne se révélait capable de dévotion et d'un esprit protecteur. Une sorte de projection de cet esprit de grande sœur qui ne l'avait jamais vraiment quitté peut-être.

En fait, l’élan de sincérité de sa vis-à-vis l'avait poussée indirectement à s'ouvrir un peu.

-Je ne suis peut-être pas une enfant de chœur, mais tu peux compter sur ma loyauté. Le pouvoir et les responsabilités ne m'intéressent pas. L'argent non plus. J'ai déjà trouvé une partie de ce que je recherchais au sein de cette faction et ce serait stupide de jeter au feu ses propres objectifs, non ?

Elle ne s'attendait pas à ce qu'elle la croie sur parole, en fait, la faucheuse ne voulait pas vraiment la convaincre, juste être honnête. Juste ne pas mentir plutôt. Et sans vraiment faire attention, sur son visage, un fin sourire se créa. Un mélange d'une sorte de chaleur et de contentement. Ce qui ne collait pas particulièrement avec le personnage.

Même si la situation de toute la ville frôlait la catastrophe avec tous les événements qui s'y étaient produits, même si la faction toute entière était en péril, Nindaeï voulait pouvoir offrir une certitude dans la tourmente. Un acte altruiste et rare.

« Ça doit vraiment faire un bail que je n'ai pas souri de cette manière. Enfin bon... »

-Je n'ai aucune raison de trahir la faction qui m'a tendu la main quand je ne possédais plus rien.

Cela se tient...à croire qu'indirectement je lui avait rendu service. Je m'accordais sans doute beaucoup de crédit, enfin bon. J'étais à la tête de la faction oui ou zut? Sa franchise me fit plaisir, et je décelais aucun signes physiques qui auraient pu m'indiquer qu'elle était en train de me mentir. De l'honnêteté chez un assassin de première classe...du jamais vu. De plus, sa loyauté ne faisait aucun doute. Enfin presque...non, elle ne faisait aucun doute.

-Je ne suis peut-être pas une enfant de chœur, mais tu peux compter sur ma loyauté. Le pouvoir et les responsabilités ne m'intéressent pas. L'argent non plus. J'ai déjà trouvé une partie de ce que je recherchais au sein de cette faction et ce serait stupide de jeter au feu ses propres objectifs, non ?

J'écarquillais les yeux sous le coup de la surprise. Cette femme me surprenait décidément de plus en plus, elle ne collait pas vraiment avec la description qu'on m'en avait faite. Mais j'étais touchée par son attitude. De manière générale les postulants chez les marcheurs étaient des ambitieux dérangés sans scrupules, les désintéressés étaient extrêmement rares. J'étais plus que satisfaite qu'elle soit chef de guilde, malgré le fait que le pouvoir ne l'intéressa pas, ce trait de caractère était un atout...

Elle me sourit. Et je ne pensais pas que voir quelqu'un me sourire pouvait me faire aussi plaisir, surtout que vu le personnage ce genre de chose devait être très très rare. Elle était loyale, et efficace. La ville était au bord de la guerre civile, la majorité de ses habitants voulait ma mort. Et là, une tueuse implacable et sans scrupules me souriait et ça me faisait plaisir.

Je me levais de la pierre sur laquelle nous étions assises et lui tendis la main, j'avais spontanément confiance en elle, malgré le fait que je le connaissais à peine.

"Et bien, je sais ce que je voulais savoir. Mais il est encore tôt, que dirais tu d'aller continuer cette conversation autour d'une bonne bouteille?"

Je lui souris à mon tour.

[sortie du Rp]

Nindaeï remarquait que ses quelques mots avaient eu plus d’influence qu’elle ne pouvait l’imaginer, vu la réaction de son interlocutrice. Maintenant qu’elle y repensait, sa réaction avait dû être vraiment étrange, surtout ce sourire. Son visage était si glacé habituellement…

Bien qu’elle ne savait pas trop comment Eowen allait répondre, laissée dans le flou de ses pensées, elle fut contente lorsque celle-ci lui tendit la main, de manière détachée et confiante.

"Et bien, je sais ce que je voulais savoir. Mais il est encore tôt, que dirais tu d'aller continuer cette conversation autour d'une bonne bouteille?"

La vampire écarquilla un peu les yeux sous l’effet de la surprise. Personne ne l’avait invitée à aller boire un verre en bonne et due forme depuis des lustres. Saisissant la main d’Eowen , dont le contact chaud sur sa peau glacée la fit frissonner, la cryomancienne se leva à son tour. Tandis que sa vis-à-vis lui rendit son sourire, la jeune fille gelée sentait qu’elle avait pris la bonne décision en utilisant la carte de l’honnêteté. Il y avait trop de doutes, trop d’ennemis, trop de distance parfois avec les autres. Et parfois, elle voulait juste pouvoir avancer sans jeter de regards en arrière.

D’une voix légère et teintée d’une touche de contentement, elle répondit :

-Et même plusieurs bouteilles s’il le faut.

Rien dans cette invitation ne laissait présager que cette entrevue finirait par une séance de picole et pourtant, la faucheuse sentait au fond d’elle que la nuit allait encore être longue, bien plus longue qu’elle ne l’aurait imaginé...

[Fin du RP]