Rencontre fortuite assez mouvementée (PV Aarun)

C'était un de ces matins gris comme Chalnia en avait rarement vue depuis qu'elle s'était installée à Aeoris. L'air sentait la rosée et était chargé d'une humidité forte annonçant une pluie à venir certaine.

Malgré son apparence de chat avec sa physionomie et ses accessoires, Chalnia appréciait beaucoup ce genre de temps. Pour elle, Elémentaliste de la Terre, l'eau était son élément compagnon, pour faire pousser les plantes par exemple. De ce fait, elle l'appréciait grandement et se dit que c'était un temps favorable pour qu'elle aille s'entraîner.

Réfléchissant à un lieu qui conviendrait, elle pensa finalement au parc. Se disant qu'avec ce temps il ne devait pas y avoir grand monde, ce lieu de repos serait tout à fait convenable pour elle, pour se concentrer et aussi retrouver son élément. Contente de sa décision d'aller au parc, elle s'empressa de s'équiper en circonstance pour sortir par ce temps mixte, prenant donc une sorte de châle contre la pluie qu'elle rangea dans un petit sac qu'elle porta en bandoulière, par dessus sa petite robe orange et blanche et ses collants de même couleur.

Elle sortit dans la rue et alla retrouver assez rapidement sa destination. Elle s'émerveilla comme à son habitude de la quiétude du lieu ainsi que de la magnifique végétation qui s'y épanouissait. Elle entra donc dans le parc et s'y promena un moment, observant les plantes ainsi que le peu de passants qu'elle croisa dedans. Elle se trouva un coin non loin d'un petit chemin caché par quelques arbres et y commença à se concentrer.

Elle fit le vide dans ses pensées pour essayer seulement de percevoir les racines de chaque plante autour d'elle qui puisaient l'énergie du sol. Une fois qu'elle réussit à visualiser cela, ne pensant plus du tout à ce qui se passait autour d'elle autre que les transferts d'énergie entre les plantes et le sol, elle commença a faire quelques gestes et à entraîner son corps lentement dans une sorte de danse très lente. C'était une des techniques qu'elle avait pu lire dans un de ses livres.

Elle visualisa une graine non loin d'elle, qui commença sous l'effet de sa danse à se craqueler dans son esprit, s'ouvrant et alors laissant place à une petite pousse poussant la terre vers le ciel pour s'extirper et atteindre les rayons du soleil. Puis...

*BOUM!*

Un énorme bruit la fit sursauté et alors elle ouvrit les yeux pour voir ce qu'il se passait. Ce qu'elle vit la surpris énormément: un géant habillé de manière très étrange se trouvait à terre, étalé, et à ses pieds un trou dans le sol assez grand pour qu'on s'y prenne les pieds mais assez petits pour qu'on n'y fasse pas forcément attention. Soudain elle comprit que c'était elle qui avait créé son trou, ratant donc son exercice au passage, faisant ainsi tomber ce géant au sol. Ce dit géant qui n'avait d'ailleurs pas l'air content du tout d'avoir embrassé fougueusement la terre de ce magnifique parc. Chalnia le regarda se relever, tétanisée et tremblante de peur.

Bonsoir, je suis Gloak, narrateur des aventures d'Aarun, je suis un serpent décédé depuis peu, qui de mon vivant était le fidèle compagnon de l'ours, et je ne rejoindrai l'au-delà que lorsque le druide en fera de même. Des questions ?... On s'en fout, on a pas le temps.

Pour les trois qui dorment au fond, il faut savoir qu'Aarun a perdu une jambe, un bras, un oeil et une oreille le jour de mon décès, et ce dans des circonstances que j'ignore ( j'étais en train de négocier ma résurrection pendant ce temps ). Et par je ne sais quel miracle, son bras et sa jambe ont été remplacés par deux plantes qui depuis la dernière fois ont bien poussé, elles commencent à ressembler à des membres, mais restent encore assez frêles.

Cela fait déjà plusieurs semaines que je suis mort et l'état d'Aarun m'inquiète de plus en plus, j'ignore même s'il a réussi à retrouver l'usage de la magie, et bien qu'il mette encore son armure de feuillages, elle n'a que pour seul utilité que d'éponger l'alcool qu'il lui arrive de renverser dessus, dans tout les cas, son état mentale semble qu'empirer avec le temps, et rester ainsi incapable de l'aider, incapable de communiquer, fait monter une rage sourde en moi, mais aussi un immense sentiment de culpabilité.

Je me dis que si j'étais plus fort, que si j'avais survécu, peut-être qu'il irait mieux, peut-être tout ça ne serait jamais arrivé si dès le début j'avais su le protéger de cette attaque de l'hérétique qui infecta son corps astral, mais bon... Après tout, je ne suis bon qu'à narrer il faut croire, je parle, je parle, je parle... Pour ça je suis doué... Mais lorsque je devrais agir... Que fais-je ?... Je parle encore ! Mais bon, j'imagine que ce n'est pas l'histoire du serpent mort qui vous intéresse... Personne n'en a rien à foutre du serpent de toutes manières...

Mis à part mon ours...

Mais bon... Revenons à nos arbustes.

Ce matin là, bien qu'il était déjà soûl, Aarun s'était rasé le crâne, c'est une coutume dans sa famille, à partir du 40 eme jour de deuil, on se rase le crâne tout les jours pendant encore 40 jours, et il faut avouer que se raser en étant bourré n'est pas la meilleure idée qu'il a eu. S'il ne lui restait pas un poil sur le caillou, en revanche, des coupures, il en avait à la pelle.

Fraîchement chauve, la barbe de plus en plus grisonnante au fil des semaines, les cernes de plus en plus profondes, le visage de plus en plus émacié, les feuilles de son armure perdaient leur vitalité. Aarun ne dormait plus, ne mangeait plus et buvait de plus en plus. Et c'est dans cette état lamentable, qu'il se dirige vers le parc.

Une bouteille de rhum dans sa main droite, sa cape sur les épaules, masquant ainsi ses deux membres renaissants, sa capuche sur la tête pour masquer les bandages cachant son oeil et son oreille manquants, ses yeux émeraudes jadis, aujourd'hui ternes, rivés sur le sol, ne les levant que lorsqu'il levait le coude par la même occasion.

Et c'est dans une de ces actions que sa promenade prit une autre tournure, je le vit s'écrouler en trébuchant sur un trou sortit de nulle part.
Il s'écrasa lourdement sur le sol dans un fracas, le géant avait brisé sa bouteille dans sa chute, il essaya de se relever mais l'alcool n'aidant pas, il reperdit l'équilibre pour atterrir assis en tailleur, son capuchon retombé découvrant son visage surpris, et la cape ouverte, dévoilant ses membres pour le moment encore atrophiés, c'est alors qu'il vit une jeune fille vêtue d'orange et de blanc, avec des oreilles de chat qui fixait le gardien d'un air effrayé.

C'est alors qu'Aarun dit, d'une voix fortement chargée d'alcool et de mépris :
- Ben quoi ? Y'a quoi ? T'as jamais vu un ivrogne gamine ?!

Le géant trébucha de nouveau lorsqu'il voulu se relever, atterrissant de tout son poids imposant sur son derrière. Il la regarda d'un regard qui sembla à Chalnia la traverser et la découper de part en part.

-Ben quoi ? Y'a quoi ? T'as jamais vu un ivrogne gamine ?!

-Euh non... Mais... C'est que... Elle ne savait plus où se mettre, se tordant les poignets. Je suis désolée... C'est de ma faute si... Vous êtes tombé...

Elle remarqua alors les membres enfeuillé du géant. Sa curiosité étant alors piquée au vif, elle ne put détacher son regard de la jambe de l'homme, en oubliant de se soucier de l'intégrité de l'homme après cette chute, oubliant même l'odeur putride de son haleine chargée d'alcool.

-Excusez-moi mais... Qu'est-ce que cela? Elle désigna alors d'un doigt la jambe de l'homme.