Le hibou et le chat de gouttière [Pv Ralph] - TERMINE

"Rattrapez-le !"

Frenn s'engouffra dans une ruelle étroite. Il avait très bien réussi son coup : voler un tel trésor en si peu de temps n'était pas une mince affaire. Le problème, c'est qu'il s'était fait repérer au dernier moment. Un peu plus, et il se serait évanoui dans la nature sans que personne ne puisse le retrouver. En temps normal, tout aurait marché comme sur des roulettes. En temps normal oui, mais pas cette fois. Il avait joué de malchance, un pot de fleur s'était renversé alors qu'il sortait par la fenêtre, et l'un des gardes passait à ce moment-là. Evidemment, cet abruti avait appelé la milice à la rescousse, et maintenant Frenn était poursuivi par une quinzaine de gardes armés jusqu'aux dents dans les allées du centre-ville.
La sacoche dans laquelle il avait mis les bijoux battait son flanc droit au rythme de ses foulées rapides, et la sueur commençait à perler sur son front.

*N'abandonneront-ils jamais ?*

Ce quartier n'était pas celui qu'il préférait. Ici, les cachettes étaient rares, les toits trop hauts et les façades lisses : impossible d'y grimper pour se mettre à l'abri. Le vacarme que faisaient les gardes se rapprochait. Le jeune homme se retourna prestement et jeta un rapide sort de brouillard. Il ne tiendrait pas longtemps, mais c'était toujours ça de gagné. Il tourna sur sa gauche...et s'arrêta aussitôt. En face de lui arrivait une autre patrouille, visiblement attirée par le bruit de la poursuite. Frenn tourna les talons et fonça dans une nouvelle rue.

"Arrêtez-vous immédiatement !"

*C'est vraiment pas mon jour de chance >_< *

Hors d'haleine, il continua de courir sans se retourner. Si au moins il avait pu trouver une porte ouverte, ou bien une fenêtre...Il ne savait même plus où il allait. Tourner à droite, puis à gauche, puis encore à gauche. Et là...

"m#!@e."

Une impasse. Il n'avait plus aucune issue possible, et les gardes seraient bientôt là. Le sort s'acharnait décidément contre lui. A moins que... Oui ! Une porte était en train de s'ouvrir sur sa gauche ! Quelqu'un sortait ! Sans se poser plus de questions, Frenn poussa la porte, bouscula l'inconnu qui se trouvait derrière et referma le battant de bois derrière lui en laissant échapper un énorme soupir de soulagement.

"Bien dormi ?"

Raphaël se tourna vers l'inconnue en passant nonchalamment une main dans ses cheveux. Celle-ci lui souriait, attendant la réponse à sa question. Encore une fille qu'il avait dû ramener la nuit dernière mais dont il n'avait aucun souvenir. Ce n'était pas la première fois qu'il rentrait chez lui accompagné après une soirée arrosée. Cela était même devenu très fréquent. Mais habituellement, ses amants passagers s'éclipsaient sans rien dire après qu'ils aient fait ce qu'ils avaient à faire. Pas cette fois, apparemment.
La fille était plutôt mignonne. Blonde, dotée de formes pour le moins alléchantes, n'importe quel homme aurait été heureux de la trouver dans son lit au matin. Pas lui.
Il poussa un soupir en lui adressant un regard glacial.

"Qui es-tu ?"

Le sourire de la jeune femme s'évanouit, et elle se mit à rougir violemment. Elle ne s'attendait pas à ça.

"Je...Tu ne te souviens pas ? Kalaren...C'est mon nom. A l'auberge..."

Elle se tut en voyant l'expression de totale indifférence qu'affichait le jeune envoûteur.

"Tu ferais mieux de partir, j'ai du travail."

"...Oui..."

La dénommée Kalaren se hâta alors de sortir du lit et de s'habiller, avant de quitter la chambre d'un pas précipité. Quelques secondes plus tard, la malheureuse faisait claquer la porte d'entrée en sortant.
Et voilà, c'était aussi simple que cela.
Raphaël se leva à son tour. Il se sentait nauséeux et une terrible migraine commençait à lui marteler les tempes, mais il savait que cela ne durerait pas. Une bonne douche, un sortilège revigorant et il se sentirait mieux. Il se dirigea donc vers la salle de bain et n'en sortit qu'au bout d'une demi-heure pour jeter un coup d'oeil à son reflet dans un grand miroir posé contre le mur de la chambre.

*C'est déjà mieux.*

Il avait enfilé des vêtements propres, avait redonné un aspect satisfaisant à ses cheveux et portait ses habituels bijoux. De plus, ses cernes avaient miraculeusement disparu.
Il se retourna pour observer la pièce. Un désordre assez improbable y régnait - mélange de livres, de plumes de toutes tailles, de morceaux de parchemins et de vêtements éparpillés - mais cela ne semblait pas le gêner outre mesure. Il savait exactement où se trouvait chaque chose, et, sans la moindre hésitation, s'empara d'ailleurs d'une lettre tombée sous une table de bois. Il l'avait reçue la veille, et celle-ci indiquait qu'il devait se rendre à son hall de guilde dès que possible pour y régler un énième problème.

*Autant y aller maintenant.*

L'envoûteur n'aimait pas particulièrement rencontrer les autres membres de la guilde, aussi il préférait se débarrasser de cette corvée au plus vite. Il attrapa donc sa veste posée sur une chaise, l'enfila et descendit les escaliers menant à l'entrée.

*Espérons que je n'en aurais pas pour longt...*

Alors qu'il ouvrait la lourde porte de bois menant au dehors, une tornade sombre fit tout à coup irruption dans la pièce en le bousculant violemment. Par réflexe, il prononça aussitôt les quelques syllabes d'un sort de protection. Mais la chose ne semblait pas en avoir après lui. La porte se referma brutalement, et un gros soupir se fit entendre.
Raphaël se trouvait face à une espèce de gamin tout sale et essoufflé, qui le regardait comme si s'introduire ainsi chez les gens était la chose la plus normale du monde.

"Sors d'ici tout de suite."

L'homme qui faisait face à Frenn était grand, brun, et le regardait avec une froideur assez terrifiante. Le jeune voleur eut la vague impression qu'en fin de compte, les gardes qui le poursuivaient n'étaient peut-être pas si terribles. Mais tout de même. Il n'allait pas retourner dehors maintenant, ou il se ferait prendre aussitôt.

"Sors d'ici tout de suite."

Le ton qu'avait employé l'inconnu était à la fois calme et implacable, mais il fallait plus que ça pour décourager Frenn. Il avait recouvré son souffle, et sourit avec malice à son interlocuteur.

"Messire, je suis sûr que vous accepterez de me laisser rester quelques instants ici. Je suis poursuivi, voyez-vous."

Il se glissa furtivement derrière l'homme, et, tout en continuant de parler, entreprit de visiter la demeure.

"Je suis Frenn, pour vous servir. J'aime bien cet endroit. Quel est votre nom ?"

L'apprenti voleur s'installa sur le premier fauteuil qu'il vit. Son sac sur les genoux, il se tourna vers le propriétaire des lieux. Celui-ci était toujours dans l'entrée, et l'observait avec un regard étrange. Un mélange de colère, de dégoût et de curiosité.

A la grande surprise de Raphaël, l'intrus n'avait pas semblé impressionné en entendant sa voix. D'habitude, une réplique glacée de sa part suffisait à dissuader les fauteurs de troubles de l'ennuyer. Pas cette fois-ci, apparemment. L'étrange garçon ignora ostensiblement l'ordre que le mage venait de lui donner, et lui adressa un grand sourire en reprenant la parole.

"Messire, je suis sûr que vous accepterez de me laisser rester quelques instants ici. Je suis poursuivi, voyez-vous."

Raphaël faillit répliquer que cela lui était égal, mais l'autre ne lui en laissa pas le temps. En quelques souples enjambées, le drôle de gamin s'était faufilé derrière lui, et reprit la parole.

"Je suis Frenn, pour vous servir. J'aime bien cet endroit. Quel est votre nom ?"

Tout en parlant, il observait la demeure du jeune envoûteur, et poussa le vice jusqu'à s'installer confortablement dans l'un des fauteuils de la pièce principale. Puis il se tourna vers son "hôte" en le fixant sans crainte apparente. Il devait être complètement stupide ; à moins que cela ne soit dût à son jeune âge : Raphaël ne lui aurait pas donné plus de 15 ans. Mais qu'importe. Cet espèce de chat de gouttière miteux osait s'inviter chez lui comme si de rien n'était. Raphaël dût se faire violence pour réprimer son irritation qui grandissait de seconde en seconde.

"Tu n'as pas besoin de savoir mon nom, le mioche."

Il se planta devant le dénommé Frenn, de façon à le dominer de toute sa hauteur, et croisa les bras sur sa poitrine.

"Je me fous de ce qu'il se passe dehors, et ta misérable vie de m'intéresse pas. Si tu as quelque chose à me donner en échange de mon hospitalité, alors soit, j'accepte de te garder ici une heure ou deux. Mais si tu ne peux rien m'apporter d'intéressant, tu dégages."

Le gamin ne souriait plus vraiment.

"Tu n'as pas besoin de savoir mon nom, le mioche."

Frenn haussa légèrement les sourcils. C'est vrai qu'il semblait plus jeune que la plupart des garçons de son âge, on le lui disait souvent, mais le terme "mioche" lui paraissait un peu excessif ; il avait tout de même 18 ans, et même si l'homme près de lui arborait un visage mature et imperturbable, il n'était sûrement pas beaucoup plus vieux que lui. Cependant, il prit le parti de ne pas lui faire remarquer. Voir l'air agacé de son interlocuteur était suffisant pour le convaincre que ce n'était pas une bonne idée. Il attendit donc que celui-ci continue de parler, ce qu'il fit après qu'il se soit placé devant le fauteuil.

"Je me fous de ce qu'il se passe dehors, et ta misérable vie ne m'intéresse pas. Si tu as quelque chose à me donner en échange de mon hospitalité, alors soit, j'accepte de te garder ici une heure ou deux. Mais si tu ne peux rien m'apporter d'intéressant, tu dégages."

Le sourire de Frenn s'évanouit.

*Au moins, ça a le mérite d'être clair.*

Il suffisait de voir l'expression de l'homme pour comprendre qu'il était tout à fait sérieux. Mais que faire ? Frenn n'avait pas grand chose sur lui, hormis le sac rempli de bijoux qu'il venait de voler. Il aurait pu lui proposer l'une de ses trouvailles...mais cela lui semblait risqué : de un, l'inconnu comprendrait aussitôt qu'il avait en face de lui un voleur, et de deux, si l'homme en avait l'envie, rien ne l'empêchait de lui prendre la totalité du contenu du sac.
Le problème, c'est qu'il n'avait rien d'autre. Et qu'il était encore trop tôt pour ressortir : les gardes étaient sûrement encore dans les parages.
Le voleur soupira.

"Tout dépend de ce que vous préférez, et de ce dont vous avez besoin. Comme vous pouvez le voir, je n'ai pas grand chose sur moi."

"Tout dépend de ce que vous préférez, et de ce dont vous avez besoin. Comme vous pouvez le voir, je n'ai pas grand chose sur moi."

En disant ces mots, le gamin jeta un bref coup d'oeil à la sacoche de cuir qu'il portait. Bref, mais pas suffisamment. Il était clair qu'il y avait quelque chose là-dedans. Quelque chose qui le préoccupait. Raphaël esquissa un léger sourire.

"Voyons voir ce qu'il y a dans ton sac, alors."

Le garçon n'avait pas l'air très emballé par cette proposition, mais cela importait peu. L'envoûteur saisit la sacoche sans lui demander son avis. Elle était lourde, bien plus lourde que ce qu'il avait imaginé au départ. C'était à se demander comment faisait le gamin pour la soulever sans effort. Un peu surpris, il la secoua vigoureusement. Un cliquetis caractéristique se fit aussitôt entendre. Le mage haussa un sourcil moqueur.

"Pas grand chose, tu dis ? Ce n'est pas mon avis, d'après ce que j'entends... Des pièces d'or ? Ou des bijoux peut-être ? Tu caches bien ton jeu, dis-moi... Serais-je par hasard tombé sur un de ces petits voleurs de bas étage qui peuplent les rues du quartiers ?"

Et, sans attendre de réponse de son interlocuteur, il saisit la boucle métallique qui fermait la sacoche et l'ouvrit. Un flot de bijoux de toutes sortes se déversa sur le plancher. Perles, pierres précieuses, ornements en or et en argent...il y en avait là pour une vraie petite fortune.
Raphaël poussa un sifflement admiratif. S'il s'agissait vraiment d'un voleur, ce garçon était apparemment plus habile qu'il ne le laissait paraître.

Sous les yeux sidérés de Frenn, tout le trésor qu'il avait amassé dans la matinée se répandit à terre. Un bracelet gravé roula même jusqu'à ses pieds.
Incapable de trouver quoi dire devant ce spectacle, le jeune homme leva les yeux. Le plus vieux émit un sifflement et se retourna vers le voleur avec un sourire moqueur et un peu inquiétant, avec l'air d'attendre une réaction de sa part.

"Heem...j'imagine que rien ne sert de nier à présent, n'est-ce pas ? Je suis bel et bien un voleur."

Il s'arrêta une seconde, puis reprit, avec un petit rire gêné.

"Mais...je n'ai aucunement l'intention de vous nuire, hein ! Euh...je ne suis pas vraiment du genre méchant, vous voyez..."

Il cherchait difficilement ces mots, et l'autre semblait s'impatienter. Frenn poussa un soupir.

"Vous pouvez prendre...ce que vous voulez là-dedans...si ça peut vous faire plaisir...mais, hmm...j'ai quand même besoin de vivre, alors si vous pouviez m'en laisser un peu, ça m'arrangerait..."

Et sur ces mots, il passa ses bras autour de ses jambes repliées et afficha une moue boudeuse.

"Vous pouvez prendre...ce que vous voulez là-dedans...si ça peut vous faire plaisir...mais, hmm...j'ai quand même besoin de vivre, alors si vous pouviez m'en laisser un peu, ça m'arrangerait..."

Le sourire de l'envouteur s'élargit à ces mots. Lui qui adorait se trouver en position de supériorité était servi. Le gosse était certes gênant, mais le ton pitoyable qu'il avait utilisé le rendait presque sympathique aux yeux du mage.
Il se pencha sur le tas de bijoux qui gisait toujours sur le sol, farfouillant parmi les perles et les colliers.
Pendant environ une minute, il n'y eut dans la pièce que le bruit des bijoux et les soupirs de Frenn pour venir rompre le silence. Puis Raphaël se redressa.
Il avait espéré trouver quelque chose d'intéressant dans le butin du jeune voleur, mais il n'y avait visiblement rien de magique là-dedans. Et comme il n'avait en aucun cas besoin d'argent, tout cela lui semblait parfaitement inutile.
Il se saisit tout de même d'une grosse bague d'argent, incrustée d'une pierre précieuse bleue - un saphir, peut-être ? - et se tourna vers le plus jeune.

"Hé, toi...Frell ou je ne sais quoi... Tes babioles ne valent rien à mes yeux, tu peux les reprendre. Je te prends seulement cette bague qui me plaît bien."

Il passa le bijou à son doigt ; il lui allait parfaitement.

"Tu peux rester pour une heure. Pas une minute de plus. Et tu n'as pas intérêt à me déranger, j'ai à faire."

Sur ces mots, il se retourna, fit quelques pas et s'installa dans un second fauteuil, avant d'attraper un vieux livre qui trainait et de se plonger dans la lecture.

"Hé, toi...Frell ou je ne sais quoi... Tes babioles ne valent rien à mes yeux, tu peux les reprendre. Je te prends seulement cette bague qui me plaît bien."

Frenn releva la tête et resta un moment ébahi. N'importe qui se serait empressé de s'en mettre plein les poches, à la place de son hôte. Si celui-ci dédaignait de pareilles merveilles, il devait être soit idiot, soit (et c'était plus probable malgré l'apparence modeste de la maison) riche. Très très riche.

"Tu peux rester pour une heure. Pas une minute de plus. Et tu n'as pas intérêt à me déranger, j'ai à faire."

Le jeune voleur en fut encore plus surpris. Il acceptait de l'aider en échange d'une simple bague ? Peut-être n'était-il pas aussi méchant qu'il voulait le montrer, finalement.
Rasséréné, le garçon aux yeux de chat retrouva d'un coup son entrain habituel. Avec un grand sourire, il se mit en quête de remplir à nouveau son sac. Se faisant, il décida (malgré l'avertissement du plus vieux) d'engager à nouveau la conversation.

"Merci du fond du coeur, Messire, je savais que vous étiez quelqu'un de bien ! Au fait, vous ne m'avez toujours pas donné votre nom...Je peux vous tutoyer ?"

L'autre l'ignora royalement. Frenn ne se laissa pas démonter pour autant. Il avait fini par récupérer tous ses bijoux, et s'approcha de son ainé.

"Je prends ça pour un oui alors. Tu ne parles pas beaucoup, hein ? C'est embêtant de ne pas pouvoir t'appeler par ton nom."

Toujours aucune réponse. Le voleur lui jeta un regard malicieux avant de faire mine d'observer les livres de la bibliothèque.

"Tu me fais un peu penser à un hibou. Alors je t'appellerai comme ça maintenant. Un hibou, c'est bien."

"Tu me fais un peu penser à un hibou. Alors je t'appellerai comme ça maintenant. Un hibou, c'est bien."

Raphaël releva lentement les yeux de son livre. Il avait ignoré sans peine les remarques précédentes du voleur, mais la comparaison avec un hibou - un hibou ?! mais à quoi diable pensait-il ? - était la chose qu'il ne pouvait décemment pas laisser passer.

"Répète le mot "hibou" encore une fois et je t'assure que tu ne ressortiras pas d'ici vivant."

Il avait employé un ton glacial, celui-là même dont lui seul avait le secret.
Et pour appuyer ses mots, il se remit sur pieds et s'approcha de Frenn, un air effrayant sur le visage.

"Puis-je savoir en quel honneur un sale chat de gouttière pouilleux comme toi s'autorise à insulter son hôte ? Tu ne sais pas à qui tu as à faire, le mioche. Si je le voulais, je pourrais t'écraser comme une mouche en quelques secondes..."

Et il ajouta, en baissant la voix :

"...Je te conseille de ne pas me provoquer."

"...Je te conseille de ne pas me provoquer."

*Hahaha...il est vraiment effrayant ^^' *

Frenn ne comprenait pas vraiment pourquoi, mais à présent, le côté méchant de son hôte l'amusait plus qu'il ne lui faisait peur. Il éprouvait une curieuse sympathie envers cet homme étrange et son mauvais caractère apparent.
Cependant, prudence étant mère de sûreté, il décida de ne pas se moquer de son interlocuteur trop ouvertement, et se retourna vers le plus vieux en faisant un geste apaisant.

"Du calme du calme, je ne voulais pas t'offenser, voyons...Et puis, c'est bien les hiboux...je les trouve très dignes, moi...^^' "

Le hibou en question leva les yeux au ciel. Frenn l'entendit grommeler quelque chose à propos d'un hibou qui lui crèverait les yeux, mais préféra ne pas y prêter attention.

"Au fait, Monsieur, tu as quelque chose à manger ? Je meurs de faim. Echapper aux gardes, ça creuse l'appétit, tu sais."

L'autre s'était déjà replongé dans sa lecture.

"Au fait, Monsieur, tu as quelque chose à manger ? Je meurs de faim. Echapper aux gardes, ça creuse l'appétit, tu sais."

Raphaël poussa un soupir, sans pour autant relever les yeux. Ignorer encore une fois le gamin était tentant, mais l'idée que le voleur puisse sortir de la pièce au moins pour une minute était préférable. Il esquissa donc un vague geste de la main en direction de la cuisine.

"Débrouille-toi tout seul. Tu n'imaginais quand même pas que j'allais te préparer quelque chose ?"

Il se tût et réfléchit une seconde. Puis il reprit, toujours très sérieux :

"Oh, et pendant que tu y es, ramène-moi du chocolat. Peut-être que ça m'aidera à supporter ta présence, qui sait..."

Puis il tourna une page de l'ouvrage ouvert sur ses genoux et se remit à lire, en priant secrètement Osha pour que cet invité pénible ne fasse pas de bêtises.

"Débrouille-toi tout seul. Tu n'imaginais quand même pas que j'allais te préparer quelque chose ?"

Frenn écarquilla les yeux de surprise. Il ne l'avait pas ignoré, et n'avait pas non plus dit non ! Bon, il était vrai que la remarque n'était pas des plus obligeantes, mais c'était déjà ça.
Le jeune homme, content, commença à se diriger vers la pièce que lui avait négligemment désigné son hôte, quand celui-ci repris la parole.

"Oh, et pendant que tu y es, ramène-moi du chocolat. Peut-être que ça m'aidera à supporter ta présence, qui sait..."

Cette fois-ci, le voleur ne put s'empêcher de sourire dans sa barbe invisible. Imaginer cet homme froid et sérieux en train de manger quelque chose d'aussi sucré que le chocolat, même s'il s'agissait d'un met de luxe, dans le coin, avait de quoi faire rire.
Essayant tant bien que mal de ne pas montrer son hilarité au plus vieux - ce qui n'aurait fait que le mettre d'encore plus mauvaise humeur, n'est-ce pas ? - Frenn répondit d'un ton joyeux :

"Bien sûr "maître" ! Si ça peut vous faire plaisir, je ferai n'importe quoi !"

Puis il s'éloigna d'une démarche souple, tel un chat, vers ce qui devait être la cuisine.
"Devait", car au vu de l'état de la pièce, cela aurait très bien pu être un champ de bataille ou une décharge publique.
Il ne l'avait pas remarqué en entrant, lorsqu'il était passé dans le couloir, mais cette salle était dans un désordre rare, en total contraste avec l'aspect rangé et impeccable de la pièce précédente.

"Bien sûr "maître" ! Si ça peut vous faire plaisir, je ferai n'importe quoi !"

L'envoûteur préféra ne pas broncher, et poussa un léger soupir de soulagement en voyant l'autre s'éloigner vers la cuisine. Frenn était vraiment trop bruyant. Et agaçant, avec son sourire bizarre toujours collé sur le visage. A vrai dire, Raphaël avait du mal à deviner les pensées de ce type...et c'était terriblement frustrant pour lui qui, habituellement, pouvait manipuler à peu près tout le monde et se faire respecter sans peine.
Il tourna à nouveau une page de son livre.
Encore un moment, et leur accord prendrait fin, de toute façon. Bientôt, ce gamin retournerait dans la rue avec son sac et son air stupide, et avec un peu de chance, Raphaël n'entendrait plus jamais parler de lui.
Cette pensée était profondément réconfortante.
Encore une page.
Ensuite, il n'aurait plus qu'à se rendre au quartier général. Voilà.

"VLAM !"

Un bruit assourdissant venait de se faire entendre. Inutile de se demander d'où il venait. Raphaël sortit de son fauteuil, avec un mauvais pressentiment.

*On dirait qu'Osha a encore ignoré mes prières...*

Il entra lentement dans la cuisine, et repéra de suite Frenn au milieu du désordre ambiant.

"VLAM !"

Malgré tous ses efforts, Frenn avait fini par succomber aux pièges mesquins du chaos qui régnait sur les dalles de la cuisine. Un moment d'inattention, et il s'était pris les pieds dans ce qui ressemblait à un...ours nain des forêts occidentales empaillé (...?) et s'était étalé de tout son long.
Cependant, il n'eut pas vraiment le temps de trouver une explication à la présence de cette chose dans une cuisine, car le maître des lieux arrivait déjà. Le hibou le dévisageait avec un regard peu engageant.
Frenn passa une main dans ses cheveux ébouriffés, et lui adressa l'un des grands sourires niais dont il avait le secret.

"Emm...Je...Je cherchais le chocolat, et...haha...que je suis maladroit, j'ai trébuché sur, euh...quelque chose. Un peu de rangement serait une bonne idée, tu ne penses pas ?"

Le voleur se remit prestement sur pieds et sans cesser de sourire, recommença à farfouiller parmi les quantités astronomiques de choses inutiles entassées là, attendant la réplique de son hôte.

La cuisine était dans son état habituel : le chaos complet. Il s'agissait de la pièce la plus désordonnée de la maison, et de loin. En effet, Raphaël avait toujours détesté faire à manger lui-même ; il évitait donc le plus possible cet endroit maudit, et avait commencé à y entreposer tout ce qui ne lui servait à rien.
On pouvait donc trouver là des choses diverses et variées : babioles plus ou moins magiques, cadeaux de ses admirateurs, piles de vieux parchemins...ainsi que tous les objets improbables que son don de Morphème faisait apparaître par mégarde.
Et à cette collection insensée s'ajoutait maintenant un jeune voleur nommé Frenn, affalé de tout son long entre de vieux grimoires moisis et une lunette astronomique cassée.

*Il n'est même pas capable de marcher sans me taper sur les nerfs...décidément, la journée commence mal.*

Raphaël fixa un instant le garçon, qui s'empressa de répondre par un sourire navrant de stupidité avant de se relever rapidement en bafouillant.

"Emm...Je...Je cherchais le chocolat, et...haha...que je suis maladroit, j'ai trébuché sur, euh...quelque chose. Un peu de rangement serait une bonne idée, tu ne penses pas ?

- Cette pièce me plaît comme elle est. Je n'ai pas besoin de ton avis. Si tu n'est pas content de la décoration, tu peux toujours sortir de chez moi. Ça m'arrangerait beaucoup, je dois dire."

"Cette pièce me plaît comme elle est. Je n'ai pas besoin de ton avis. Si tu n'es pas content de a décoration, tu peux toujours sortir de chez moi. Ça m'arrangerait beaucoup, je dois dire."

Haha, d'après le ton employé, Frenn venait de vexer son hôte.

"Voyons...il ne faut pas être de mauvaise foi ! Avoue quand même que cette pièce est en désordre ! Tiens, si tu veux, je peux même nettoyer pour toi ! Qu'en dis-tu Monsieur ?"

Et en disant cela il se mit au garde-vous devant l'envoûteur, dans cette posture caractéristique qu'il avait tant vue en observant l'entraînement des gardes de la Noble Alliance. Il ne se faisait pas trop d'illusions quand à la réaction du hibou mais c'était déjà ça ; il avait ce besoin vital de toujours essayer de détendre l'atmosphère lorsque celle-ci se faisait pesante.

"Voyons... il ne faut pas être de mauvaise foi ! Avoue quand même que cette pièce est en désordre ! Tiens, si tu veux, je peux même nettoyer pour toi ! Qu'en dis-tu Monsieur ?"

Raphaël faillit répliquer, mais Frenn se plaça devant lui en faisant un salut militaire, ce qui, aussi étrange que cela puisse paraître, le dérida un peu. Il haussa un sourcil, et sourit très légèrement : il se pouvait que cette proposition ait un avantage. L'envoûteur attrapa alors une tablette de chocolat sur une étagère à proximité et s'appuya contre le mur avant de commencer à dénouer l'emballage de tissu fin de son aliment favori.

"Très bien, vas-y. Je te regarde."

Et en prononçant ses mots, il croqua dans la friandise.

"Très bien, vas-y. Je te regarde."

Hahaha... Frenn avait maintenant l'impression d'être un morceau de viande devant un loup affamé ^.^'
Il ne savait pas vraiment par quoi commencer, mais décida de commencer par ranger les livres éparpillés dans toute la pièce. Il en ramassa un, puis deux...et s'aperçut que quelqu'un avait inscrit 2 mots sur le coin de la couverture de l'un d'eux. Raphaël Kelen.

"Hé ! Monsieur, est-ce que c'est ton nom ?! Oui, je suis sûr que c'est ça ! Est-ce que je peux t'appeler Raph ?"

Tout content, le voleur s'apprêtait à récupérer un autre livre coincé sous une lampe cassée, lorsque quelque chose lui revint à l'esprit. Quelque chose qui rendait son hôte encore plus effrayant qu'avant. Si cet homme s'appelait bien Raphaël Kelen, ça voulait dire que...

"Euh... Dit... Tu ne serais pas mon nouveau Girudomasutâ par le plus grand des hasards...?"

Raphaël profitait de la vue qu'offrait le postérieur de Frenn, lorsque celui-ci se tourna brusquement vers lui, l'air ravi. Il tenait dans ses bras l'un des vieux grimoires du Girudomasutâ, l'un de ceux qu'il utilisait pendant ses études. Dessus était noté quelque chose : son nom, qu'il avait lui même écrit plusieurs années auparavant. Il fronça les sourcils.

"Hé ! Monsieur, est-ce que c'est ton nom ?! Oui, je suis sûr que c'est ça ! Est-ce que je peux t'appeler Raph ?"

Non mais...pour qui se prenait-il ? Raphaël soupira. En plus, il n'avait toujours pas compris qui il était. L'envoûteur avait pensé que son nom le trahirait, mais apparemment non. Quoique...
Il vit le jeune voleur arrêter soudainement son rangement, avant de lui jeter un regard qu'il essayait de rendre joyeux.

"Euh... Dit... Tu ne serais pas mon nouveau Girudomasutâ par le plus grand des hasard...?"

Ah, enfin. Le Girudomasutâ en question leva les yeux de sa plaque de chocolat et lança un regard mystérieux à Frenn.

"Et que ferais-tu si c'était le cas ?"

"Et que ferais-tu si c'était le cas ?"

Sueur froide...
Habituellement, Frenn évitait au maximum les rencontres avec ses supérieurs ; il "oubliait" régulièrement de payer ses taxes à la guilde et de se rendre aux rassemblements, ce qui lui avait valu pas mal de réprimandes depuis son admission parmi les Voyageurs du Temps. Cependant, Raphaël Kelen venait d'arriver à la tête de la faction. Aussi, il n'était probablement pas au courant. Le jeune voleur se détendit un peu à cette pensée.

"Je... Hmm... Je ne sais pas. Je devrais peut-être te laisser travailler, par exemple. De toute façon, je crois que l'heure que tu m'as accordée est passée, maintenant."

Il reposa les livres qu'il tenait toujours et retourna de son pas dansant vers la bibliothèque. Là, il récupéra son sac si précieux, et grimpa sur le rebord d'une fenêtre ouverte avant de se retourner vers l'envoûteur qui l'avait suivi.

"Merci encore pour ton aide, Monsieur Raph ! Je te rendrai la pareille si j'en ai l'occasion un jour !"

Et sur ces mots, il sortit par la fenêtre, encore un peu étourdi par la rencontre surprise qu'il venait de faire.

(Sortie du rp)

"Merci encore pour ton aide, Monsieur Raph ! Je te rendrai la pareille si j'en ai l'occasion un jour !"

Raphaël referma la fenêtre derrière le voleur. Il doutait d'avoir un jour besoin de son aide pour quoi que ce soit, mais après tout, cela faisait toujours plaisir à entendre.
Il se tourna vers la grande horloge qui ornait le mur opposé. Il était plus que temps de se rendre au hall de Guilde. L'envoûteur enfila sa veste, glissa sa dague dans un étui dissimulé par le tissu, sur son flanc droit, et se dirigea de nouveau vers la porte.
Dehors, le soleil était presque à son zénith. Et au final, la cuisine n'était toujours pas rangée.

(Fin du rp)