Crépuscule glacial {pv Reivax Baëleän} -TERMINE-

-Libre à vous de me croire ou non. Traînasser en futilités n’est certes pas une des choses que j’affectionne le plus en ce bas-monde. Voici donc ma proposition. Soit, vu que j’ai relevé le défi, je vous mords tranquillement et je tente de lésiner sur la quantité. Soit, j’utilise la manière forte et ce n’est pas sûr que vous ressortissiez d’ici en un morceau.
-Voyons. Il serait plus aisé de garder votre sang-froid, non ?
Tout en lançant ça, il rendit à sa vis-à-vis le sourire qu'elle lui avait fait tout en disant les même mots. Évidemment, il savait qu'il tentait le diable en essayant de faire perdre le peu de contrôle que la vampire semblait avoir encore sur elle même. Elle devait savoir que le combat était perdu d'avance pour lui, alors elle essayait de l'écraser avec sa supériorité....mais ça ne se passerait pas comme ça....Il allait jouer avec elle au jeu de la vérité et du mensonge...
-Enfin bref, cessons de plaisanter un instant, qui vous dit que moi-même, je ne vous aurais pas mentis à un moment ou à un autre? Commençons par l'âge....vous savez aussi bien que moi que la réalité est bien différente de l'apparence. Vous avez en face de vous le seul dragon encore en vie du continent et vous voudriez me faire croire que vous savez tout à mon sujet. Je rirais bien si le sujet n'était pas aussi sérieux. Et puis....quant à votre récompense....il se pourrait qu'elle soit....différente que ce que vous attendez.
Tout en disant ces derniers mots, il sortit une fiole de son sac qu'il vida d'un trait....
Il n'avait pas vraiment but la potion destinée à empoisonner le sang pour les vampires car ses effets sur les métamorphes. Certes, ce n'est pas tout à fait la même chose qu'un hybride mais il préférait ne pas prendre de risque.....Autrement dit, pour le moment, sa seule arme était le bluff.....en espérant l'avoir bien joué.

-Enfin bref, cessons de plaisanter un instant, qui vous dit que moi-même, je ne vous aurais pas menti à un moment ou à un autre? Commençons par l'âge....vous savez aussi bien que moi que la réalité est bien différente de l'apparence. Vous avez en face de vous le seul dragon encore en vie du continent et vous voudriez me faire croire que vous savez tout à mon sujet. Je rirais bien si le sujet n'était pas aussi sérieux. Et puis....quant à votre récompense....il se pourrait qu'elle soit....différente que ce que vous attendez.

Une fiole sortie de son sac et avalée en une traite… ça ne laissait présager rien de bon. Il devait sans doute être alchimiste… Et cette potion, ça ne pouvait tout de même pas… Le poison maudit qu’Adonis Opra avait confectionné ?? Avoir vu les effets dévastateurs de ce poison de ses propres yeux lui avaient laissé un froid. Donc, l’option « le mordre » devenait dangereuse. Trop dangereuse. Mais, rien n’était certain.

Autant ne pas s'y tenter et calmer ses ardeurs... Ce n'était pas la première fois qu'une proie lui glissait entre les doigts. Une de plus, parmi tant d'autres. Juste d'y penser, cela la révulsait.

Après tout, si Nindaeï tentait le jeu de la manipulation, son adversaire pouvait s’y oser aussi. Dilemme.

Ce jeu du chat et de la souris commençait à la fatiguer. Tourner en conjectures chaque acte fait lui semblait si détestable que sur le coup, son poing droit se serra toujours plus sous le coup de la colère ascendante. Gentiment, elle reprit son calme habituel.

-Je ne suis pas omnisciente et vous non plus. Vous ne savez pas plus de choses sur moi que j’en sais sur vous. Nous sommes à égalité, même si cela me fait un peu de peine de l’admettre. {Elle croisa les bras devant son poitrail et prit une profonde inspiration} Ne pensez-vous pas qu’il serait plus simple d’arrêter de s’effriter en hostilités ? Cela ne nous mêlera nulle part. Trop de prudence, alors que pourtant, à proprement parlé, nous ne sommes pas totalement ennemis. D’accord, j’ai voulu vous mordre, mais bon. C’est dans ma nature aussi.

La vampire eut un bref haussement des épaules. Ce n’était pas totalement sa faute, cependant elle était loin d’être innocente aussi. D’habitude, les gens s’aventurant dans les montagnes ne s’ancraient pas autant à leur vie et ne jouait pas avec elle. La neige devait avoir un effet inhibiteur d’espoir en ces lieux. Quel individu étrange !

-Je vous promets que je ne vous mordrai pas, si en échange, vous me donnez la fiole de sang de dragon. La tempête se terminera bientôt, je peux même la stopper si je le désire. Ou la faire perdurer, cela ne tient qu’à vous. Ceci fait, vous partirez de votre côté, quant à moi, je retournerai à ma méditation sans le moindre accrochage, qu’en dites-vous ?

Fini les cachotteries, autant aller droit au but.

-Je vous promets que je ne vous mordrai pas, si en échange, vous me donnez la fiole de sang de dragon. La tempête se terminera bientôt, je peux même la stopper si je le désire. Ou la faire perdurer, cela ne tient qu’à vous. Ceci fait, vous partirez de votre côté, quant à moi, je retournerai à ma méditation sans le moindre accrochage, qu’en dites-vous ?
Si il avait eu encore un peu du liquide que contenait la fiole dans la bouche, il lui aurait certainement tout recraché à la figure.....Elle voulait le sang de dragon??? A la limite, qu'elle ne sache pas tout le mal qu'il s'était donné pour l'avoir, c'était compréhensible.....mais elle devait au moins savoir que le nombre de ces fioles remplies encore utilisables était plus que restreint...Cette fois, il en était quasiment sûr, il était face à une folle.....ou bien le sang de dragon avait créé une dépendance ou que savait-il encore? Cette fois, il était bel et bien prit à la gorge...au sens propre comme au figuré....soit il révélait qu'il ne s'était pas empoisonné le sang et il risquait de se faire vider de son sang sans même pouvoir esquisser un geste pour se défendre....soit il lui donnait la fiole.....
Et pour lui, la deuxième solution était tout à fait inconcevable....Il en avait besoin....
L'histoire de la tempête ne faisait que s'ajouter pour accentuer encore son incertitude....mais il devait faire son choix car il était clair qu'il avait épuisé la dose de patience de son interlocutrice.
-Je....je suis désolé mais je dois...refuser votre proposition...ce sang de dragon restera avec moi....mais....supposons un instant que je puisse supprimer les effets du poison....et que je rende donc mon sang de nouveau "potable" pour vous....est-ce que votre promesse tient toujours?
En disant ça, il priait très fort pour qu'elle soit complètement ignare en alchimie....parce que lui même ne savait strictement rien de ce poison....

-Je....je suis désolé mais je dois...refuser votre proposition...ce sang de dragon restera avec moi....mais....supposons un instant que je puisse supprimer les effets du poison....et que je rende donc mon sang de nouveau "potable" pour vous....est-ce que votre promesse tient toujours?

Si simple de tordre la vérité en quelques mensonges… Reivax y avait succombé pour tenter de d’extirper de cette situation. Prendre l’avantage. Futilités…

L’alchimie lui semblait aussi obscure que la nécromancie. Tuer par des poisons, lancer des fioles pour laisser le produit agir à sa place… Ce genre de pratiques indirectes était si lâche pour elle, qu’elle s’en désintéressait carrément. Préférant ses bons vieux sorts élémentaires et le tranchant d’une lame finement affûtée.

-Je n’ai qu’une parole.

Si son vis-à-vis tiendrait sa promesse, la vampire tiendrait la sienne. Perdre la face une fois de plus la ferait sans doute sortir de ses gonds. Trop de « victoires » avec un goût amer de défaites s’empilaient ces derniers temps dans son palmarès. Et avec le marché qu’elle avait engagé avec l’hybride, dans les deux cas, Nindaeï y serait gagnante, récupérant son dû.

-Neutralisez-le vite. Qu’on en finisse. Nul ne sait à quel moment, je risquerais de perdre le contrôle. Ni vous, ni moi n’aimerions être témoins de ce moment.

Sa gorge commençait à la brûler. Très mauvais signe… Puis, ce fut au tour du sillon de la lame maléfique qui la fit souffrir. Cela aurait presque eu le même effet que si son cœur se remettait à battre, cognant, cognant contre sa poitrine, craquant des côtes à chaque battement. Ses ongles acérés appuyaient contre son poitrail, formant une sorte de cage avec ses doigts, tentant de contenir le Mal qui s’en échappait. Il ne fallait plus tarder en circonlocutions. C’était le moment d’agir.

A chaque seconde qui passait, son envie d’épargner la vie de Reivax se faisait plus intense. Contrastant avec ses pulsions toujours plus fortes n’imprimant que la mort sur du papier noir de folie.

Pire qu’un cauchemar, car il ne disparaissait pas au réveil, ne se dissipait pas avec un pincement sur la main, ne s’effaçait pas par un lien de raison. Il demeurait… Un geôlier imperturbable, gardant une prison fortifiée. Impossible d’en réchapper. Impossible de voir même l’espoir au travers de ses barreaux, plongés dans l’obscurité de son gardien. Nulle main tendue. Juste l’isolement. Une volonté qui s’atténuait toujours un peu plus… Jusqu’à ce que le dernier fil de conscience ne lâche.

« Poison ou pas. Mes crocs finiront par se baigner dans le sang. C’en est une nécessité... »

Le neutraliser vite? Pour commencer, il faudrait qu'il trouve quelque chose à faire pour lui faire croire.....
Reivax se lança dans la réalisation d'une potion somme-toute assez simple à base de racines à virant du marron au bleu....et le résultat était bien sûr.....rouge.....ah les joies de l'alchimie, profession où les résultats les plus idiots et inattendus étaient le lot quotidien de tout alchimiste qui se respecte. Enfin bon, du coup, l'air de rien, il s'était concocté une potion pour ralentir et commencer les soins de sa jambe. Il lui fallait garder le plus de sang possible...

Une fois la potion ingurgitée, il tenta de réfléchir à ce qu'il devait faire maintenant....il ne s'était jamais fait sucé le sang et il espérait réellement que ce soit comme dans les livres: court, indolore et sans séquelles.
Mais il savait bien que rien ne se passait jamais comme dans les contes alors il se contenta de tirer un peu le col de son manteau, dévoilant ainsi sa gorge. Il se préparait déjà à la douleur prochaine et ferma les yeux en priant (encore une fois) vraiment très fort pour que ce soit bref.

Le regard de Nindaeï se faisait toujours plus vide. Vidé de conscience. Vidé de volonté propre. L’instinct avait érodé sa volonté. Désormais, pendant cette phase, seule l’ambroisie vampirique avait une odeur, une couleur, une vie qu’il fallait arracher pour maintenir la sienne. Il n’y avait plus que cela. L’obscurité déjà naissante de la grotte permit à la vampire de s’éclipser pour réapparaître directement derrière Reivax en laissant émaner une sorte de rire démoniaque des tréfonds de sa gorge. Un « Kss » à peine effacé. L’instant était arrivé. Sa patience n’aurait pas pu tenir plus longtemps.

La chaleur du corps de l’hybride semblait être un appel à se réchauffer, enfin… à voler cette chaleur. Appel qui s’en suivit de la fameuse morsure dans le cou de Reivax. Bestiale, d’un coup sec, implantant sa présence de parasite avide dans son épiderme, une jolie morsure qui était du genre à guérir vite par la suite. Grâce au contrôle qu’elle avait pu garder un léger instant avant le moment fatidique pour calmer la douleur que sa victime pouvait ressentir. Et les traces que son passage allaient laisser. Un peu comme de l’empathie… Après tout, il subissait et il n’avait pas été méchant, ni irrespectueux. Autant lui faire une fleur. Peu possédait le courage de découvrir leur gorge à la soif d’un vampire.

Doucement, le sang affluait dans la bouche de la faucheuse, rendant à nouveau ses yeux « normaux ». Le danger s’écartait, cependant quelque chose différait. Non pas le goût, quelque chose de plus profond. Tout s’était atténué vite. Bien trop vite…

Subitement, une sorte d’écho semblait résonner dans tout son corps. Ses canines s’ôtèrent brusquement du cou de Reivax et elle recula, les avant-bras en croix sur son poitrail.

- C’est quoi encore çà ?? Je ressens encore… sa lame me traverser le corps. Ça brûle !

Tout à coup, il n’y avait plus rien. Comme si toute la douleur s’était effacée en un clin d’œil. Le sang de dragon avait… des vertus curatives ??? Il n’y avait donc plus de malédiction du Tourmenteur ?? Enfin, une once de liberté de volonté ? Non… Ce n’était pas possible.

Alors qu’elle n’avait plus mal, la seule impression qu’il lui restait demeurait semblable à une douce chaleur qui l’enveloppait. Sur le moment, ne sachant vraiment comment réagir face à cet élan de liberté, Nindaeï, les lèvres encore empourprées de sang, enlaça Reivax d’une étreinte presque puérile. La faucheuse se sentait un peu plus légère, un poids sur l’âme en moins. Du moins, pour le moment… En ce geste, la vampire voulait surtout le remercier, bien qu’il ne savait peut-être pas forcément ce qu’il avait accompli.

D'un coup sec, elle planta ses crocs dans son cou. Ce fût rapide, et la douleur s'atténua très vite....mais la sensation qui suivit ne fût pas pour autant agréable...se sentir vidé de sa substance vitale, comme si on lui aspirait ce qui lui restait à vivre. Et même si il savait qu'elle ne devrait NORMALEMENT pas le tuer, il ne pouvait s'empêcher d'avoir peur.
Et puis, aussi subitement que son planté de crocs, elle s'ôta pour reculer de quelques mètres et hurler:
- C’est quoi encore çà ?? Je ressens encore… sa lame me traverser le corps. Ça brûle !
Sur le coup, Reivax ne porta pas vraiment attention à son cris. On peut même dire qu'il s'en fichait complètement, la seule chose qui l’intéressait pour l'instant était de se masser l'endroit de la morsure où la douleur revenait au triple galop. En fait, il ne s’intéressa vraiment au message que lorsque la femme l'enlaça.....
L'idée de la repousser ne lui vînt même pas à l'esprit tellement la peur de la froisser lui tiraillait les entrailles. Donc soit il restait dans l'attente d'une suite dans cette étreinte qu'il espérait amicale.....soit il tentait de briser le silence pour savoir ce qu'il se passait.
Le mutisme n'ayant jamais été son fort, il préféra poser une simple question pour commencer.
-Hum.....est-ce que vous allez bien?
Alors qu'il posait cette question, il en redoutait déjà la réponse.

Cette chaleur. Douce et paisible. La vampire aurait aimer en profiter un moment de plus…

-Hum.....est-ce que vous allez bien?

Il devait être troublé, il y avait de quoi… Relâchant son étreinte, elle garda ses deux mains sur les épaules de l’hybride.

-Véritablement bien pour être honnête. Cela va vous sembler étrange, mais vous avez accompli quelque chose d’inespéré. Merci.

La faucheuse aurait pu être plus explicative, tout dire en détail. Sur le coup, cela lui semblait inutile. Un regard était suffisant. De plus, cela aurait équivalu à lui raconter son histoire et juste de repenser aux terribles souvenirs qui en émanaient suffit à la raviser. Ce genre de récits ne devait pas non plus être vraiment plaisant à écouter.

L’ambiance étrange qui régnait en ces lieux, régissait sur un silence un peu pesant. Teinté d’incompréhension, comme deux mondes qui s’affrontaient, deux réalités qui ne s’entendaient pas. Reivax devait juste la trouver « bizarre » comme bon nombre de gens vivant sur cette terre. Qu’est-ce qui est étrange et qu’est-ce qui ne l’est pas ? Lentement, son visage de craie redevient quasi inexpressif, tandis qu’elle se releva en revissant sa capuche sur son crâne. Son regard pivota vers l’entrée de la caverne, là où le vent rasait la roche en claquant comme un fouet sur les parois.

« La tempête va faire rage encore un long moment. Même quelques jours, vu comment c’est parti…»

Ses iris retournèrent sur l’hybride.

-Il serait inutile de s’attarder ici. Si vous le souhaitez, je peux vous accompagner jusqu’à votre vignoble, à moins que vous ne souhaitiez demeurer quelques jours dans le froid. Cependant, j’ai le regret de vous annoncer que sans moi, vous risqueriez d’être pris dans le blizzard et de non seulement vous perdre, mais aussi d’y laisser des plumes. Les environs ne sont pas sûrs. Les bandits et les animaux sauvages grouillent. Mais, cela il semblerait que vous le sachiez déjà.

Un léger sourire s’installa sur ses lèvres, non pas moqueur, juste malicieux, aimant taquiner. Nindaeï reprit sa faux, qu’elle arma dans son dos, gardant ses yeux tournés vers le semi-dragon.

Il avait accomplie quelque chose d'inespéré? Bien.....mais encore? Cette réponse était loin de le satisfaire et il s’apprêtait à lui demander plus de détails...lorsqu'il croisa le regard de la femme. Il n'y avait qu'un regard pour faire passer autant les émotions.....de la gratitude dans le cas présent..assez pour lui retirer l'envie de poser une question.
Elle commença à remettre sa capuche et elle se dirigea vers l'entrée....Pendant ce petit temps de répit, il repensa aux derniers évènements.....son ascension fulgurante chez les voyageurs......le loup-garou....et maintenant la vampiresse....les évènements s’enchaînaient vraiment vite....très vite.....trop vite en fait. Il aurait pût poursuivre la réflexion plus loin mais la femme revenait déjà.

-Il serait inutile de s’attarder ici. Si vous le souhaitez, je peux vous accompagner jusqu’à votre vignoble, à moins que vous ne souhaitiez demeurer quelques jours dans le froid. Cependant, j’ai le regret de vous annoncer que sans moi, vous risqueriez d’être pris dans le blizzard et de non seulement vous perdre, mais aussi d’y laisser des plumes. Les environs ne sont pas sûrs. Les bandits et les animaux sauvages grouillent. Mais, cela il semblerait que vous le sachiez déjà.

Aussi étrange que cela puisse paraître, il éclata de rire. Conséquence du moment où il avait craint pour sa vie ou autre chose? En tout cas, il avait trouvé l'histoire de laisser des plumes hilarante.....Il fallait vraiment qu'il se repose.....Se reprenant en voyant la mine déconfite de sa vis-à-vis, il s'appuya sur sa lance pour se relever.

-Ce serait un plaisir que de voyager en votre compagnie....cependant, si ça ne vous dérange pas, j'aimerais aller à la capitale....d'importante choses se préparent là bas et je me dois d'y être.

Chose étrange de rire en pareille situation. Nindaeï était un peu surprise par un tel comportement, mais fit comme si de rien n’était. Après tout, c’était bien mieux de rire que de pleurer.

-Ce serait un plaisir que de voyager en votre compagnie....cependant, si ça ne vous dérange pas, j'aimerais aller à la capitale....d'importantes choses se préparent là bas et je me dois d'y être.

Aller à la capitale ? Pourquoi pas ? Revoir des gens et aller chercher quelques livres à la bibliothèque. Ce n’est jamais du temps perdu.

-Pas de soucis. La destination m’importe peu de toute façon. Tant que l’on ne s’attarde pas trop ici…

Maintenant que l’idée de partir avait été clairement formulée, il fallait agir. Alors que ses pieds s’étaient placés sur le seuil de la grotte, le vent cinglant faisait tournoyer ses cheveux, ôtant une fois de plus sa capuche.

« Saleté de capuche. Bon, au travail, sinon on va y passer la nuit. »

Pour retourner dans la ville, le chemin était quasiment tout droit au travers du champ enneigé. Faire le tracé du chemin devrait être assez simple. La vampire se tenait droite, les paumes posées sur son sternum et les paupières scellées. Une petite étincelle blanche perla sur le front de l’hydromancienne. Semblable à une petite lumière froide et intrigante, qui luisait d’une lueur peu naturelle. Peu à peu, la tempête se calmait, les flocons se clairsemaient et le blizzard devenait zéphyr. Le terrain était dégagé et Mère Nature, calmée pour quelques heures.

-La voie est libre. Je vous suis.

Pendant qu'il remballait toutes ses affaires, il voyait la vampiresse incanter, mains sur le torse. Alors qu'une petite étincelle blanche apparut sur le front de la femme, la tempête se calma petit-à-petit. Reivax se contenta de commenter d'un sobre -Impressionnant... car il savait qu'elle n'avait montré là qu'une infime partie de ses pouvoirs.

-La voie est libre. Je vous suis.

Tant mieux, il était prêt maintenant, et il n'avait pas envie de moisir dans cette grotte....des choses importantes se passaient....
Le duo avança en silence pendant quelques centaines de mètres, le son de leurs pieds s'enfonçant dans la neige comme seule écho de vie dans ce climat inhospitalier. Bien évidemment, il pensait à Lady B. et son accès au trône....et l'idée d'avoir une alliée de plus dans cette lutte lui traversa l'esprit alors qu'il tournait la tête vers la vampiresse.

-Dites moi, je suppose que vous êtes des Marcheurs d'ombre non?Il n'attendit pas la réponse, il la connaissait déjà à vrai dire. Je voulais juste savoir si vous étiez au courant de ce qui se trame en ce moment et dans quoi son engagées votre faction et la mienne.

Evidemment, c'était un angle d'attaque assez direct mais apparemment, elle préférait ça plutôt que de parler longtemps pour rien dire.

A chaque pas... Laissant un trou... Ses bottes faisaient craquer la neige épaisse. C'était le seul bruit qui résonnait, avant que Reivax ne rompe ce silence pesant.

-Dites moi, je suppose que vous êtes des Marcheurs d'ombre non? Je voulais juste savoir si vous étiez au courant de ce qui se trame en ce moment et dans quoi sont engagées votre faction et la mienne.

Nindaeï marchait toujours, tandis qu'elle se mit à répondre à la question.

-Je suis effectivement une Marcheuse d'Ombre et pour ce qui est des méfaits se tramant dans la capitale, je suis au courant aussi. A vrai dire, cela me laisse perplexe. La Noble Alliance a gagné trop de pouvoir en si peu de temps et les deux autres factions devront se battre pour perdurer. {Elle serra le poing} Tout cela va devenir dangereux... Si ça ne finit pas en soumission à l'autorité, ce sera juste un génocide adressé aux Voyageurs et aux Marcheurs.

Son ton de voix semblait songeur et quelque peu interrogateur. C'est vrai qu'elle ne s'intéressait pas aux affaires de sa faction, ni à celles de la ville. Y prêter un trop fort intérêt résultait à s'impliquer et cela ne lui plaisait guère. Cependant, un souvenir lui revint à l'esprit... Lorsqu'elle avait dû faire face à l'alchimiste fou, le doute n'avait pas eu lieu d'être et l'hydromancienne s'était plongée corps et âme dans ce combat. Peut-être fallait-il s'investir cette fois ? Agir pour changer les choses avant que la prise de pouvoir de la Noble Alliance ne se termine sur une chasse aux vampires et autres races considérées comme « hostiles ». Les chasseurs de monstres deviendraient monstres eux-mêmes.

Aussitôt, elle repensa aussi à la dernière fois que des villageois avait tenté de brûler le manoir familial, armés de fourches et de torches dès qu'ils avaient remarqué que ses habitants n'étaient pas très humains. Ils avaient agi par peur, mais cela demeurait quasi impardonnable de réagir ainsi. Non... Plus jamais ça...

-Je suppose que vous n'allez pas rester passif durant ce conflit, n'est-ce pas ? C'est principalement la raison pour laquelle vous partez vers la ville aussi ?

-Je suppose que vous n'allez pas rester passif durant ce conflit, n'est-ce pas ? C'est principalement la raison pour laquelle vous partez vers la ville aussi ?

Oh non.....ça il n'avait certainement pas envie de rester passif....ce n'était pas dans sa nature de toute façon. Et les deux fioles de sang de dragon étaient ses passe-port pour la gloire et l'honneur. Bien sûr, pour l'instant, les deux factions n'étaient pas en position de force par rapport à la Noble Alliance, qui d'ailleurs n'avait plus de noble que le nom, ce n'était donc pas à l'ordre du jour. En parlant de ça, comme elle le disait si justement, la prise de pouvoir de cette faction avait été beaucoup trop rapide.

-Non, en effet. Et vous non plus, vous ne devriez pas rester passive. Votre survie et celle de tout vos semblables....ce que les gens qualifient de monstres....est en train d'être jouée là bas....Je me doute bien que pactiser avec un membre des voyageurs ne doit pas vous enchanter mais malheureusement, il n'y aucun autre choix.....Alors juste pour ne pas me reprocher de l'avoir fait plus tard, je vous propose de vous joindre à notre combat....

Evidemment, dit comme ça, le combat semblait épique.....mais il était évident qu'il n'y aurait aucune grande bataille glorieuse. Ce ne serait que des combats fourbes....en traîtres....et pour ça, Reivax devait se préparer.....et c'était pour ça qu'il se dirigeait vers la grande cité....suivit par la vampire dont il attendait la réponse...

« Monstre »... Ce qu'elle avait pu haïr ce mot.

-Pactiser avec les Voyageurs n'est pas ce qui me gêne le plus dans le coup. Ce ne sera pas une première d'ailleurs. Je vous dois bien ça, non ?... De plus, votre proposition me semble intéressante. Je l'accepte avec plaisir.

Sa main droite glissa sur le manche de sa faux, ses doigts tapotaient l'acier dont son arme était principalement faite.

« Peut-être que ça me permettra de me défouler un peu tout ça, sait-on jamais. Cela chassera sans doute un peu l'ennui. Et si ça peut aider quelqu'un...»

Sur le coup, elle semblait surprise par ses propres pensées. Y voir une énonciation d'aide aurait semblé carrément inconcevable auparavant. Donc, le caractère égocentrique, qui s'était totalement immiscé dans sa personnalité avait... disparu ? Juste d'y penser un léger sourire glissa sur ses joues.

-Je ne suis pas retournée dans la capitale depuis quelques semaines... Se serait-il passé différents événements importants? Je n'ai eu que des infos en ouï-dire de mes contacts, mais rien de totalement officiel. Il serait facile de s'informer sur place, néanmoins, ce serait s'aventurer sur terrain inconnu.

Puis, elle jeta un rapide coup d'oeil en arrière sous le coup de son sixième sens. Les Montagnes de la Syhra étaient toujours aussi désertes, il n'y avait rien à y craindre. Cependant, quelque chose la tiraillait.Il ne fallait pas s'attarder ici et accélérer un peu le pas. Ce n'était peut-être rien du tout.

Prudence est reine des vertus...

Encore une qualité à lui rajouter...la prudence... décidément, il valait mieux ne jamais l'avoir comme ennemie.

-Hum...d'après mes dernières informations, Lady B. aurait prit le trône d'Aeoris et lancé une chasse à l'homme envers les girudomasuta des deux autres factions...La ville est donc aux mains des sbires de l'Alliance et on peut s'attendre à rencontrer un de ses membres à tout les coins de rue....Sinon, je n'ai rien d'autre qui pourrait nous aider.

Ils fonçaient tout droit dans la gueule du loup.....
La vampiresse ne semblait pas vraiment l'écouter.....elle lançait des regards furtifs comme si elle était persuadée d'être suivie.....visiblement, ils semblaient déjà être dans le piège.
Depuis le début du voyage, Reivax avait gardé sa lance dégainée.
Les arbres semblaient s'être rapprochés....et les branches bougeaient.....les branches basses surtout...
Il n'en fallu pas plus à Reivax pour sauter derrière la branche, disparaître et embrocher son ennemi....Quelques instants plus tard, il revenait sur le chemin avec un lapin au bout de son arme....

-Le stress vous fait vraiment faire des choses idiotes hein?

Sur le coup, il avait vraiment été stupide....mais au moins, ça montrerait à de potentiels agresseurs qu'ils s'attaquaient à un trop gros gibier pour eux.

Bien que son regard était fuyard et balayait les environs constamment, elle écoutait chaque parole de Reivax. Puis, Nindaeï grinça des dents. La situation était bien plus critique que ce que ses informateurs lui avaient rapporté. Eowen et Raphaël était en danger...

Alors qu'ils cheminaient et que la vampire se perdait dans ses réflexions, son compagnon de route revint avec un lapin sur son pal.

-Le stress vous fait vraiment faire des choses idiotes hein?

Sur ce coup-ci, la faucheuse en put s'empêcher de réprimer un rire. Un petit rire clair comme pour alléger la situation.

-Effectivement. Sur le moment, j'avais pensé que ce serait des bandits ou une quelconque menace potentielle, mais un lapin... {Elle ria de nouveau} Je me disais bien que l'odeur était un peu étrange. Néanmoins, cet endroit n'est pas sûr. Restons sur nos gardes. Enfin... Même si des coupe-gorges montreraient le bout de leur nez, ils ne feraient pas long feu.

Le chemin semblait gratter l'horizon et peu à peu, les toits des maisons apparaissaient. Le village le plus proche portant le nom d'Aurië naissait au milieu de la neige et même dessous. Des toits de chaume, des murs de bois épais et une porte grossière suffisaient à créer une maison dans ces terres broyées par le froid. Cela ressemblait plus à un gros hameau qu'à un petit village. La plupart du temps, la majeure partie de la population vivait sur la plaine et non, sur les pics.

Les deux traversèrent la place du village d'un pas assuré, jetant des coups d’œils par-ci par-là. Subitement, l'hydromancienne s'arrêta.

-Vu que le voyage risque de durer encore 1-2 jours. Il serait mieux que vous trouviez des provisions, non ? Voyager l'estomac vide n'est pas une mince affaire. Pendant ce temps, je vous attendrai ici.

Avec sa cuissarde droite, elle traça un petit cercle dans la neige.

Au moins, sa mésaventure avait eu comme effet bénéfique d'arracher un rire à sa compagne de route et elle avait raison sur le fait qu'ils n'avaient pas à s'inquiéter des maraudeurs et autres criminels de grand chemin. Pendant qu'elle parlait, un petit village semblait poindre à l'horizon. "Aurië" d'après le panneau. Ça avait l'air d'être une bourgade sympathique. De petites chaumières en chaume et bois....des chênes à première vue, des habitants à l'air pas franchement agressif, des gamins jouant à se poursuivre dans les rues enneigées. Un lieu où semblait faire bon vivre en somme.
Tandis qu'ils s'étaient engouffrés dans l'allée principale, tout les regards semblaient se tourner vers eux....visiblement, le teint blafard de la dame n'était pas passé inaperçu.

-Vu que le voyage risque de durer encore 1-2 jours. Il serait mieux que vous trouviez des provisions, non ? Voyager l'estomac vide n'est pas une mince affaire. Pendant ce temps, je vous attendrai ici.

C'était plus un ordre gentiment adressé à sa personne qu'une proposition. Il décida de se diriger vers la boucherie....après tout, son régime à lui se constituait principalement de viande. Il se rappela alors du lapin qui pendait toujours à sa lance et décida de l'échanger au marchand contre du porc séché. Au moins, ça ne prenait pas beaucoup de places et surtout, ça se conservait dans des conditions extrêmes.
C'est en sortant du magasin qu'il se rendit compte que la présence de la morte-vivante semblait déranger les villageois. En effet, ils sortaient tous pour faire une sorte de cercle silencieux autours de la place comme pour l'empêcher de partir. Deux types à l'allure de bûcherons se dirigèrent alors vers Reivax.

-C'est toi le type qui s'est ramené avec la suceuse de sang? T'as intérêt à virer d'ici vite fait.

Le second type, visiblement pas très intelligent non plus approuvait ces dires par des grognements sourds et incompréhensibles.

-Allons, vous penser que ça vaut vraiment le coup de virer deux étrangers qui viennent seulement se ravitailler parce que l'un d'eux est un vampire?

Le type, ne comprenant visiblement pas la moitié des mots se contenta de l'attraper par le col de son manteau et de le coller au mur. Apparemment, les négociations étaient closes....

Pour attendre son compagnon, Nindaeï n'avait rien trouvé de mieux que de s'adosser tranquillement au puits en plein centre du village. Croisant les bras devant elle, son attitude pourtant totalement discrète et pacifique ne tarda pas à attirer les villageois. Et ce n'était pas pour avoir un autographe ou des salutations chaleureuses. Juste créer un effet de foule pour tenter de l'intimider. La peur peut provoquer des réactions étranges... La faucheuse ne s'en inquiétait pas. Ils repartiraient bien assez tôt et ce genre de réaction devenait habituel parmi ses multiples voyages.

-Tsss... Ces humains, pesta-t-elle.

Presque simultanément, elle vit Reivax sortir d'un bâtiment et se faire accoster par deux individus, dont un ne tarda pas à l'empoigner par le col. Aussitôt, la vampire ne réfléchit pas à deux fois. Elle se mit à marcher vers le conflit, poussant la foule au passage. Foule bien insistante et très peu coopérative, ceci dit. Leurs regards étaient si pesants, dévisageant chaque fibre de son être, déshabillant l'apparence pour ne regarder que l'image du monstre.

« Non... Pas ces regards-là... »

Une fois sortie de cet enchevêtrement d'humains, elle disparut et réapparut derrière le malfrat qui s'en prenait à Reivax, sa bouche à quelques centimètres de l'oreille du paysan. D'une voix persifleuse, un murmure s'échappa de ses lèvres :

-Hé bien... Est-ce toujours ainsi que l'on accueille des voyageurs épuisés, ici ?

L'homme en oripeaux lâcha l'hybride et répliqua en reculant rapidement quelques mètres en arrière.

-Arrière, créature de Tharod !

-Quel manque visible d'originalité. Tss... {Puis, son regard se détourna vers Reivax} Tout va bien ? Il vaut mieux ne pas tarder ici. Et...

Ses paroles s'arrêtèrent net. Ce villageois pouvait très bien être inoffensif... Pas les autres... Le boucher du village savait manier la pelle et un coup sec au niveau de la nuque suffisait à assommer un vampire pour un certain laps de temps.

Alors que son esprit sombrait, il lui semblait que l'obscurité ne s'était jamais faite aussi épaisse.

Le réveil semblait brusque et l'étirement qui devait s'en suivre habituellement n'avait pas eu lieu. Elle cligna plusieurs fois des yeux pour tenter de comprendre ce qui se passait. Des chaînes, du bois, une torche, des villageois en cercle autour... Un bûcher... Finir brûlée... Ce n'était pas forcément ainsi qu'elle voulait quitter ce monde. Puis, le villageois portant la torche prit la parole :

-Créature démoniaque. Il est temps que tu expies tes péchés. Brûle dans les flammes de la purification !

Nindaeï ne put réprimer un soupir agacé, tandis qu'elle se débattait parmi les chaînes trop serrées. Tout cela avait une odeur de roussi... De brûlé même. L'éloquent pyromane avait mis le feu au premier rondin...

Alors qu'il était en train de se faire accoster par le gaillard, sa compagne de voyage se précipita à sa rescousse....peut-être pas la meilleure chose à faire pour éviter le conflit....
Malheureusement, celui ci semblait inéluctable....et ses soupçons se confirmèrent lorsqu'elle se prit un coup sec de pelle sur la nuque de la part du type qui lui avait troqué ses morceaux de porc séché....
Tout en s'agenouillant pour voir l'état de la femme, il se rendit compte, un peu tard, que ce serait une occasion en or pour....


Il se réveilla dans une cellule humide d'un cachot certainement très mal entretenu...une douleur horrible au niveau de la nuque, comme si on avait essayé de le décapiter....avec une pelle.
Maintenant, les souvenirs lui revenaient...le boucher, la brute....la vampire!!! Où était-elle?
Tempêtant contre lui même, il se demanda (avec une belle flopée de jurons) pourquoi, de tout les villages de ploucs alentours, il avait fallut qu'ils tombent sur un habité par des fanatiques qui voulaient brûler tout ce qui leur semblait impur....
Se raisonnant très vite, il fît un rapide tour de sa cellule du regard...elle comportait une porte qui semblait plutôt épaisse, les murs étaient en briques de pierre et il y avait une petite fenêtre à barreaux....certainement pour recevoir les dons des villageois qui avaient pitié....
S'approchant de la fenêtre, il observa un spectacle assez alarmant....tout le village semblait réunit autours de ce qui semblait être un bûcher....et bien sûr, la personne incinérée ainsi ne pouvait être que la vampiresse.... Décidément, son manque de chance commençait vraiment à devenir dangereux....
Tout en cherchant une solution, il tenta de tapoter le nerveusement le manche de sa lance.....qui n'était plus là....
Jusque là, il avait mit le compte de leurs agissements sur la peur des vampires et tout ce qui allait avec.....Mais qu'on lui vole ses affaires et surtout un héritage ancestral de sa famille.....oh non....les villageois allaient se rappeler encore longtemps de sa visite.....
Premièrement, il devait sortir de cette geôle et récupérer son arme. La porte ne lui posa pas de réel problème, le bois était ancien, infesté de termites.....bonne à jeter. Retrouver sa lance ne fût pas très compliqué non plus bien que la supposée caserne ressemblait plus à un débarras qu'à autre chose.
C'était une fois sortie qu'il comprit que la situation était vraiment critique. Les flammes commençaient à lécher dangereusement les pieds de la vampiresse.......et lui, toujours derrière cette foule fanatique, incapable d'agir....Comment était-il censé agir pour la sauver??? Il ne savait que faire pousser des plantes!!! Et ce foutu dragon qui....qui était censé lui avoir débloqué une partie de son héritage.....Mais laquelle??
Voilà pourquoi il détestait les énigmes, elles s'imposaient toujours à vous de force...il se calma et réfléchit à la manière d'invoquer ce pouvoir.....ça devait certainement se faire comme avec ses pouvoirs de druide....mais au plus profond de lui....alors qu'il était sûr d'y être.....il ne se passait rien...juste un léger gratouillis dans les omoplates.
Un léger gratouillis qui se changea très vite en une indicible souffrance....comme si deux petites bêtes essayaient de sortir en poussant ses os vers l'extérieur. La douleur était tellement intense qu'il en était tombé à genoux. Il comprit que ce n'était pas seulement une sensation lorsque son manteau se déchira dans son dos....au moment même où la douleur fût la plus vive. Une fois la douleur calmée, il tenta de regarder ce qu'était censé être "ce don".
Ça ressemblait à deux gigantesques ramifications écailleuses....
"Serait-ce possible que...des ailes?"
Eh bien, une seule chose pouvait écarter les doutes, les tester.
Un battement, deux battements....il ne lui en fallut pas vraiment plus pour prendre un décollage quasi-parfait....et voler jusqu'au bûcher. Il profita de l'atterrissage pour éteindre les flammes. Il en profita pour abattre sa lance sur les chaines qui la retenait dans ce futur enfer.
Son regard se tourna ensuite vers le simulacre d'inquisiteur qui se tenait devant lui. D'un geste habile, il fît voler sans lance à la rencontre de son cou qui se coupa comme une motte de beurre. Son corps tomba alors en arrière, arrosant au passage, les plus proches villageois. Il lança un regard à la foule, captant au passage celui du boucher. Un simple geste du doigt lui suffit à faire pousser un liane autours de celui ci pour l'étouffer.
Une fois ses derniers cris poussés, il haussa la voix pour s'adresser aux village entier:

-Voilà ce qui arrive, lorsque l'on se met en travers de mon chemin. Sachez que toutes tentative de votre part pour nous arrêter se soldera par une mort dans votre camp. Maintenant, nous voulons des provisions pour la suite du voyage, apportez les nous et en vitesse!!

Il laissa un temps aux habitants pour digérer cette annonces et s'exécuter.

Sur ce coup, elle était mal… Avoir abandonné ses pouvoirs de flamme pour ceux de glace lui semblait être une véritable inconscience sur ce coup-ci. Il aurait suffi de souffler un peu fort sur les flammes pour les transformer en dragon géant qui aurait enveloppé tous les spectateurs pour les changer en tas de cendres. Mais, désormais, cela était impossible. Alors qu’elle se débattait pour tenter de briser les chaînes, vu que les flammes devenaient vraiment trop proches, le feu lui rappelait toujours les pires souvenirs qu’elles voulaient éradiquer de sa mémoire… Et sans sa faux, canaliser suffisamment de glace pour éteindre le feu prendrait trop de temps… Essayant d’imaginer un autre scénario, Nindaeï eut donc une pensée pour Reivax.

« Avec tout ce grabuge, il a dû en profiter pour fuir. Ce serait tellement compréhensible… »

Cependant, il était quand même venu et avec des ailes, qui plus est. Alors qu’il avait éteint les flammes et brisé les chaînes, il entama quelques paroles.

-Voilà ce qui arrive, lorsque l'on se met en travers de mon chemin. Sachez que toute tentative de votre part pour nous arrêter se soldera par une mort dans votre camp. Maintenant, nous voulons des provisions pour la suite du voyage, apportez les nous et en vitesse!!

La vampire le fixait, bouche bée. C’était la première fois que l’on sauvait sa vie. La dernière peut-être. Et ses iris glissèrent sur ses ailes proéminentes.

-Hé bien, il faut croire que vous cachiez encore des atouts dans vos manches. {Puis, son regard fila à gauche} En tout cas… Merci… de ne pas être parti.

Puis, gentiment, elle s’étira. Ces liens étaient vraiment trop serrés… Et remarqua que son arme lui avait été confisquée. Subitement, elle s’éclipsa pour aller vers la caserne et revint avec sa faux proéminente, poussant la foule au passage à grands coups de bras, une expression agacée sur le visage, expression qui se tordait toujours plus en fureur. Enfin, le reste de foule qui ne s’était pas éparpillé pour aller chercher des vivres. Puis, elle rejoignit Reivax sur le tas de bois semi-brûlé. Avec un certain dédain, elle regarda le tas de fournitures qui s’entassait sur la place, il n’y avait pas grand-chose, mais cela était bien au-delà du nécessaire.

-Allons-nous-en, trancha-t-elle.

D’un geste sec, teinté d’une colère silencieuse et noire, la faucheuse remit sa capuche. Sa patience ne pouvait tenir quelques instants supplémentaires, si bien que son poing se serra si fort que ses ongles pointus percèrent sa chair. Sans vraiment prendre en compte son compagnon, elle emboîta le pas en direction de l’extérieur du village, d’un pas rapide et très lourd, le dos droit et une stature altière. Soudain, un bûcheron revenait du bois et passa à environ un mètre d’elle. D’un geste immensément rapide, elle dégaina sa faux et lui trancha la tête. Suivi d’une autre tête qui roula sur le sol, puis une autre, puis encore une autre… Tous s’approchant un peu trop près de l’amas de fureur qu’elle était. Du sang gicla sur elle, mais même cela ne la fit pas réagir. Il fallait juste partir pour ne pas tous les tuer.

Sa marche continua vers le bois qui bordait le village, s’enfonçant dans les arbres, toujours avec sa démarche inquiétante. La neige craquait sous ses pieds, un son qui aurait pu la calmer un peu dans d’autres situations. Ses dents grincèrent et la vampire ne put réprimer un cri perçant, glaçant, à peine humain… pour faire échapper la colère, qui s’entassait toujours plus. En’Lith en main, elle trancha dans le vide, taillant des arbres et des fourrés. Puis, elle planta son arme dans le sol, se replongea dans le silence et se laissa choir, les genoux dans la neige.

Il venait de la sauver....et pourtant, ce moment lui parût lointain...Ces ailes commençaient à lui saper toutes ses forces.....déjà qu'il ne lui en restait pas beaucoup.
Toutes les paroles qui s'échangèrent, tout les gestes, lui semblèrent comme fait dans un autre monde. Elle était partie, ça c'était sûr....il lui semblait que c'était vers la forêt....puis un grand cri....
Il ne lui en fallut pas plus pour comprendre qu'il devait vite sortir du village pour la rattraper.
Il ramassa les plus essentielles des provisions apportées par les villageois puis prit son envol. Il devait vite la retrouver, il ne tiendrait pas longtemps sous cette forme...
Elle était à peine enfoncée dans la forêt, à genoux. Il la rejoignit d'un piqué pas vraiment voulut....carrément pas du tout en fait. Ses ailes commençaient à re-rentrer et la douleur fût quasiment la même que lorsqu'elle étaient sorties. Il fît quelques rebonds assez douloureux dans la neige avant de venir s'écraser contre un arbre, maculant la neige du sang qui coulait là où, quelques instants plus tôt, il y avait des ailes.

-Logiquement, si je ne vous abandonne pas, vous devriez faire de même non?

Il pût juste ponctuer cette déclaration d'un rire avant de s'évanouir de fatigue.

Sa respiration était haletante. Bien que la grande partie de sa colère s'était dissipée,elle dut se reprendre à plusieurs reprises pour ne pas rebrousser chemin et commettre un carnage. Soudain, la vampire détourna la tête vers Reivax qui était apparu depuis les airs et qui s'était crashé à quelques mètres plus loin, laissant une traînée de sang.

-Logiquement, si je ne vous abandonne pas, vous devriez faire de même non?

Et il se tarda à s'évanouir.

-Logiquement, oui. Mais pour une fois que je voulais pas forcément tuer tout le monde, mieux valait s'éclipser.

Un sourire s'imprima sur son visage. Il ne l'avait sans doute pas entendue, mais juste de parler un peu la soulagea un peu. Ses iris fixaient Reivax, étalé dans la neige.

« Je peux quand même pas le laisser là. Je lui dois bien ça... »

Aussitôt, son bras droit glissa pour soutenir l'hybride inconscient. Il fallait trouver un endroit où se poser quelques temps pour qu'il retrouve ses esprits dans le calme. Malheureusement, la forêt ne regorgeait pas d'auberges, de cavernes ou de cabanes de bûcherons. Il fallait donc improviser. Elle marcha encore un moment avant d'arriver à une clairière et prit une longue inspiration, qu'elle relâcha par la suite. De son souffle naquit une sorte de petite cabane de glace, relativement spacieuse.

-Cela devrait faire l'affaire pour l'instant.

Sa main libre lui permit de pousser la lourde porte de glace sans trop de difficulté et ensuite, Nindaeï déposa délicatement Reivax sur un bloc de glace en forme de lit sur lequel elle avait étendu une large pièce de tissu pour ne pas que le contact direct avec la substance gelée ne soit trop désagréable. Du sang coulait encore un peu de ses omoplates. Autant profiter qu'il soit inconscient pour pouvoir le guérir sans trop de réclamations. La faucheuse le tourna sur le côté et commença à laisser couler un peu d'eau d'Ondine dessus pour que les plaies se désinfectent et cicatrisent plus rapidement, puis elle appliqua des bandes dessus par précaution et le remit en position couchée.

« Je n'aurais jamais cru soigner quelqu'un ouvertement. Hé ben... Ce voyage aura été instructif. »

Avec un peu de bois, elle alluma un petit feu au milieu de l'habitation gelée, attendant que son compagnon reprenne conscience.

Reivax était en train de se réveiller. Après quelques clignements d'yeux, il remarqua l'habitation de glace dans laquelle il se trouvait. Il sentit avec aise le tissu sous sa blessure soignée. Nindaeï devait être encore là. Tant mieux, il aurait détesté se réveiller dans le même cachot humide et mal entretenu avec les même fanatiques complètement allumés. Un feu crépitait à coté de lui et peinait à faire fondre la glace. Décidément, sa magie était terriblement puissante. Tandis qu'il se levait, il regardait tout l'intérieur du petit abris. La vampire était là, dans un coin, elle attendait. Lui, il ne pouvait s'empêcher de penser à ce pouvoir. Il marmonnait tout en se frottant la nuque:

-Foutu dragon.....de tout les maudits pouvoirs de la création, il a fallut qu'il m'en donne un qui me laissait pour mort après utilisation....Posant son regard sur Nindaeï, il s'adressa à elle..Hum....encore merci....j'espère ne pas avoir dormis trop longtemps....Vous allez bien j'espère? Je ne sais pas vous mais je commence à mourir de faim.

Sans même attendre de réponse, il commença à sortir une portion des vivres "donnés" par les villageois et en tandis une autre à sa compagne de voyage.

Cela faisait quelques heures que Nindaeï était recroquevillée dans un coin de la cabane, enveloppée du silence le plus complet, hormis le feu qui crépitait de temps à autres. Le regard vide… Apparemment, cette expérience l’avait plus affectée qu’elle ne l’aurait imaginé. Tout à coup, Reivax bougea gentiment, signe qu’il était en train de se réveiller. Il marmonna et dit plus clairement.

-Hum....encore merci....j'espère ne pas avoir dormi trop longtemps....Vous allez bien j'espère? Je ne sais pas vous mais je commence à mourir de faim.

Aussitôt, il sortit des vivres et se mit à manger, lui en proposant au passage. Elle refusa poliment d’un geste de main.

-Inutile de me remercier. Ce n’était pas grand-chose. Et oui, je vais bien, enfin… Tant d’émotions m’ont donné soif, mais ça ira. Et vous ? Vos blessures vont-elles mieux ? C’est la première fois que je soigne des blessures pareilles, donc excusez-moi si c’était un peu improvisé.

Ensuite, la vampire se releva gracieusement, épousseta sa robe et se dirigea vers la porte de la cabane. Puis, elle se tourna lentement vers l’hybride.

-Je vais vite aller me « ravitailler ». Vu que vous semblez être d’aplomb, je vais pouvoir vous laisser seul un moment. Ce sera assez rapide.

Aussitôt, elle sortit de l’habitation et se mit à courir dans les bois. Il ne lui fallut que quelques minutes pour repérer un chasseur isolé, armé d’un arc et se glisser silencieusement derrière lui. Instinctivement, ses canines s’enfoncèrent directement dans la jugulaire du pauvre homme, sans qu’il n’ait eu le réflexe de se défendre en décochant une flèche. Il n’y avait même pas de résistance… Il tomba en état d’anémie très rapidement, lâchant son arme au passage. Telle une rivière agitée, le sang affluait toujours dans sa gorge, avec un petit goût sucré et son éternelle saveur ferreuse. Puis, le débit se stoppa soudainement.

« Déjà plus rien ? Hé ben… Il va vraiment falloir que je lésine plus sur les doses la prochaine fois. »

Brutalement, le cadavre asséché tomba comme un roc dans la neige. Cacher le corps ne serait qu’une perte de temps et si les villageois repasseraient par ici, il servirait d’exemple. Et les animaux sauvages se feront une joie de profiter d’un festin gratuit.
Une fois cela terminé, la faucheuse ne tarda pas à retourner rejoindre son compagnon d’infortune. Poussant la porte, elle ne remarqua qu’après qu’elle était encore barbouillée de sang.

-Ah désolée, j’ai oublié de nettoyer ça.

A cet instant, Nindaeï arborait un sourire un peu gêné, laissant dépasser une de ses dents proéminentes.

-Je vais vite aller me « ravitailler ». Vu que vous semblez être d’aplomb, je vais pouvoir vous laisser seul un moment. Ce sera assez rapide.

Tandis qu'elle sortait pour prendre sa dose vitale de sang, lui commençait à manger. La ration était constituée d'un morceau de porc séché avec quelques haricots blancs et de l'eau. Autant dire que ce n'était pas vraiment de la grande cuisine...Néanmoins, le boucher était drôlement compétent, la viande était parfaite......dommage qu'il soit mort. En même temps, il l'avait mérité. Il avait finit son repas lorsqu'elle rentra de sa chasse. Elle était couverte de sang....et pourtant, avec cette vision d'horreur, il ne pût réprimer un sourire. Ça lui rappelait ses souvenirs d'enfance, dans son village, au milieu de la forêt, quand après l'heure du repas, tout les enfants sortaient pour jouer, toujours barbouillés. Enfin bref, elle était rentré, il avait finit son repas, ils pouvaient donc repartir. Il tendît lui tendit un morceau de tissu.

-Bien, je pense qu'on a trop tardé par ma faute, allons-y maintenant....sauf si vous avez quelque chose à faire avant évidemment.