Une bonne nuit de repos (pv Raph)

Ils étaient dans un endroit que Frenn ne connaissait pas du tout. Ces décors étranges et cette lumière tamisée lui était complètement inconnus, mais il n'osait pas trop poser de questions. De toute façon, il n'était pas certain de réussir à parler correctement...même s'il allait un peu mieux depuis qu'ils avaient quitté le lieu du bal, il avait toujours la désagréable impression que les murs vacillaient autour de lui, et qu'il marchait dans du coton. Alors il valait mieux suivre le Girudomasuta en faisant de son mieux pour ne pas tomber jusqu'à ce qu'il puisse enfin se reposer.

Les deux hommes passèrent devant une grande salon où se trouvaient d'autres personnes assis dans de larges canapés rouges. Des voix d'hommes et de femmes lui parvinrent, mais le voleur ne réussit pas à comprendre ce qui se disait, ni à distinguer le moindre visage. Sûrement d'autres clients de cet hôtel mystérieux.
Raphaël le fit asseoir sur un siège couvert de velours pourpre et s'éloigna en lui faisant signe d'attendre, avant de revenir quelques minutes plus tard avec une clef. Ils montèrent alors un escalier étroit et s'engagèrent dans un couloir sans fenêtres mais décoré de splendides boiseries. Le chef des marchands s'arrêta devant la 3e porte, et ils entrèrent.

Raphaël referma la porte derrière eux. La pièce était décorée avec beaucoup de goût, comme toutes les autres, mais certains détails ne trompaient pas : ils étaient dans un endroit vraiment à part. Chaînes, sangles de cuir et objets aux utilités diverses étaient soigneusement rangés sur de petites étagères discrètes, dans chaque coin de la salle. Le lit semblait normal, mais le maître des Voyageurs savait qu'il était parfaitement équipé pour attacher une ou plusieurs personnes, et une cage avait été installée dans un renfoncement du mur, sur la droite.
A vrai dire, il avait pensé choisir une chambre plus "classique" que celle-ci, mais d'après le patron il s'agissait de la seule encore libre. Tant pis, elle ferait très bien l'affaire. Peut-être même que c'était une bonne chose...voilà longtemps qu'il n'avait pas passé une soirée à s'amuser avec des accessoires. L'envoûteur sourit à cette pensée.
Il se retourna vers le voleur, resté debout comme s'il n'osait pas avancer vers le lit ; celui-ci portait toujours sa lourde robe rouge et sa perruque qui le faisait ressembler à une magnifique jeune fille, mais il donnait l'impression d'être sur le point de s'écrouler sous le poids de tous ces ornements.

"Tu ferais mieux de te débarrasser de ce déguisement."

Raphaël fit quelques pas, se plaça dans le dos de Frenn et repris un ton plus bas :

"Attends. Je vais t'aider à le défaire."

Et doucement, il commença à délacer le corset du plus jeune.

Le garçon s'était figé en apercevant les chaînes sur les murs. Il n'avait pas les idées claires, certes, mais il était presque certain que ce genre de décoration n'avait pas sa place dans les chambres d'une auberge normale. Il inspecta rapidement le reste de la pièce, et ce qu'il y vit ne le rassura pas vraiment : il y avait une...oui, c'était bien une cage sur le côté. Où l'avait donc amené l'envoûteur ? Peut-être qu'il n'aurait pas dû lui faire confiance, finalement. Son girudomasuta était sûrement un psychopathe qui aimait torturer les pauvres petits voleurs sans histoires comme lui... A ce point de la réflexion, Frenn faillit se mettre à pleurer, mais le plus vieux pris la parole à ce moment-là.

"Tu ferais mieux de te débarrasser de ce déguisement."

Quoi ?

"Attends. Je vais t'aider à le défaire."

Raphaël s'était approché derrière lui et n'avait pas une voix plus effrayant que d'habitude. Elle était même plutôt douce, ce qui étonna le voleur mais le rassura aussi un peu. Il se laissa faire en sentant les doigts habiles de son chef délier les rubans qui emprisonnaient sa cage thoracique, et retrouver toute sa capacité à respirer l'aida à dissiper un peu ses vertiges. Malgré tout, il restait apeuré...l'endroit était vraiment inquiétant.

"Où sommes-nous ? Je veux dire, je pensais que c'était une chambre d'hôtel, mais il y a tous ces...toutes ces choses... Pourquoi y aurait-il une cage dans un endroit pareil ? S'il-te...euh s'il-vous-plaît ne mettez pas dedans, je n'aime pas être enfermé ! Je suis gentil moi vous savez, même si j'aime bien plaisanter ! Oh mais c'est peut-être à cause de...je paierai toutes mes dettes envers la guilde, je le jure ! Ne me punissez paaas !"

"Où sommes-nous ? Je veux dire, je pensais que c'était une chambre d'hôtel, mais il y a tous ces...toutes ces choses... Pourquoi y aurait-il une cage dans un endroit pareil ? S'il-te...euh s'il-vous-plaît ne mettez pas dedans, je n'aime pas être enfermé ! Je suis gentil moi vous savez, même si j'aime bien plaisanter !Oh mais c'est peut-être à cause de...je paierai toutes mes dettes envers la guilde, je le jure ! Ne me punissez paaas !"

Un temps de latence. Surpris mais amusé par la panique évidente de sa proie, l'envoûteur ne répondit pas tout de suite...peut-être parce qu'il choisissait soigneusement ses mots, à moins qu'il ne fût en train de savourer avec délice l'idée d'un total contrôle sur le plus jeune. Difficile de savoir. Plusieurs secondes s'écoulèrent - plusieurs secondes pesantes, alourdies par la tension ambiante - avant qu'il ne se décide à reprendre la parole.

"Tes dettes, dis-tu ? Je n'en savais rien, mais maintenant que tu le dis, voilà qui expliquerait le retard des voleurs pour les derniers paiements... Toutefois, je laisse à ta tendre maîtresse le soin de s'occuper de tes problèmes financiers. Cette pièce n'a rien à voir avec une quelconque punition. L'établissement est plein ce soir, et le patron nous a attribué la dernière chambre restante. Peu importe la décoration...hmm...peu commune, il faut que tu te détendes."

Il se mit à lisser avec application les mèches soyeuses de la perruque de Frenn, et en profita pour frôler les épaules dénudées de ce dernier.

Frenn se relaxa un peu en écoutant Raphaël le rassurer. Il n'allait pas lui faire de mal finalement, et sa voix était vraiment agréable. Elle donnait envie de s'envelopper dedans, de ne plus penser à rien et de se laisser bercer en profitant des délicieuses caresses sur son dos...hein ? Le voleur tressaillit et s'écarta brusquement. Il sentait le rouge lui monter aux joues. Ce genre de contact n'était pas du tout normal, si ?

"Je crois que, hum, je vais aller prendre un bain."

Il rassembla les froufrous de sa robe à moitié défaite et se dirigea vers la salle de bain tant bien que mal. Et surtout, il fallait éviter de croiser le regard de l'envoûteur.

Sous ses doigts, le voleur commençait à se laisser aller. La partie s'annonçait bien, et la victoire serait facile s'il se laisser manipuler ainsi. Raphaël en était là de ses réflexions lorsque justement, Frenn réagit et s'écarta avec un air effarouché, comme s'il venait de se rendre compte de ce qu'il faisait. Adorable.

"Je crois que, hum, je vais aller prendre un bain."

L'envoûteur le laissa faire. Il affichait un léger sourire en regardant sa proie se précipiter dans la salle de bain ; l'autre ne lui échapperait pas, il en était sûr.
Que faire à présent ?
Attendre. Attendre un peu, puis le rejoindre.

Frenn ferma la porte derrière lui et tenta de retrouver un peu ses esprits. Il se faisait peut être des idées à cause des effets de l'alcool qui ne s'étaient pas encore totalement dissipés, mais il lui semblait que l'atmosphère était un peu bizarre ici. Et le girudomasuta... Le voleur secoua la tête.

* Ça ira mieux après un bon bain, je n'y penserai plus et j'irai dormir.*

La salle de bain était très luxueuse par rapport à ce que connaissait le voleur. Du marbre un peu partout, une baignoire qui paraissait immense, de hauts miroirs impeccablement nettoyés...ils n'avaient pas décoré cette pièce comme la chambre, heureusement. Le garçon hésita un peu avant d'actionner le mécanisme permettant de remplir le bassin. Le bruit de l'eau atteignant le fond de la baignoire le fit sursauter. Décidément, il n'était pas du tout à l'aise ici.
La robe à moitié défaite glissa au sol, révélant le corps mince de son propriétaire, et il entra dans l'eau chaude.

Quelques minutes s'écoulèrent. Raphaël avait pris place dans un fauteuil à côté du lit et attendait patiemment. Il jouait avec une cravache de grande qualité qu'il avait trouvée sur l'une des étagères, testant la souplesse de l'objet en le faisant siffler autour de lui. L'équilibre était impeccable, il se jura de l'utiliser un jour ou l'autre. Dans la pièce voisine, le bruit de l'eau s'était tu ; Frenn devait déjà être en train de se laver. Il était temps de passer à l'attaque.
Le morphème se leva donc, reposa l'instrument à sa place et se dirigea vers la porte. Celle-ci était fermée, évidemment, mais pas verrouillée. Il le savait bien : le gérant du Labyrinthe avait fait retirer tous les verrous non-indispensables après qu'une célèbre duchesse se soit retrouvée enfermée pendant plusieurs jours dans sa chambre - cela avait d'ailleurs provoqué un scandale assez important. En tout cas, cela rendait les choses plus faciles pour lui.
La poignée tourna sans bruit, et il jeta un coup d'oeil à l'intérieur. Le voleur était dans la baignoire, de dos, et ne se rendit compte de rien lorsque l'intrus se glissa à l'intérieur de la salle de bain. Parfait. Un léger sort de dissimulation pour ne pas trahir sa présence si près du but, et en quelques pas silencieux, Raph était juste derrière sa proie. Il se pencha vers le garçon, tout près de son cou, et...

"Bouh."

Frenn, agenouillé dans la mousse maintenant abondante, était en train de frotter ses bras avec le savon de l'hôtel et profitait des bienfaits de l'eau chaude. Parce que même si l'endroit n'était pas vraiment son genre, un bain chaud relaxant est toujours très agréable, surtout après avoir "trop" bu. Il commençait enfin à se détendre, quand...

"Bouh."

Le voleur fit un bond en avant, glissa et dut se rattraper de justesse au rebord de la baignoire pour ne pas se casser la figure.

"Qu-qu'est-ce que vous faites là ? Ah, je suis désolé, je ne vous ai pas entendu entrer et...euh...enfin je suis...vous voyez quoi, hum, je prends mon bain... Vous avez besoin de quelque chose, peut-être ?"

Heureusement, la mousse dissimulait sa nudité, et sa surprise était pour l'instant plus importante que la gêne qu'il aurait pu ressentir.

"Vous avez besoin de quelque chose, peut-être ?"

Un sourire passa sur les lèvres de Raphaël. Celui qui éveillait son intérêt était nu comme un ver et couvert d'une mousse épaisse qui glissait sur sa peau. Son air surpris était très drôle à voir mais n'enlevait rien à l'attrait qu'exerçait son corps sur le morphème.

"Pas 'besoin'. Je dirais plutôt 'envie'."

Un pas. Deux pas. Il enjamba le rebord de la baignoire en prenant garde à ne pas glisser et, sous le regard éberlué de Frenn, entra tout habillé dans l'eau tiède.

"Pas 'besoin'. Je dirais plutôt 'envie'."

Le girudomasuta ne prit même pas la peine de se déshabiller et rentra dans la baignoire, parmi les bulles de savon. Frenn ouvrit la bouche pour dire quelque chose mais cette foi-ci, aucun son ne parvint à sortir. La phrase que venait de prononcer Raphaël était très très tendancieuse, non ? Qu'est-ce qu'il voulait lui faire, au juste ? Le voleur n'y connaissait peut-être pas grand chose, mais tout de même, il n'était pas stupide à ce point, à sa connaissance ce genre d'histoires avait lieu entre un homme et une femme. En tous cas c'était le cas quand il imaginait la chose. Est-ce qu'une simple robe pouvait avoir cet effet là ? Ah, mais non, puisqu'il ne la portait plus...
Il recula un peu, tentant de ne pas entrer en contact avec l'intrus de la baignoire.

Son pantalon était couvert de mousse et lui collait à la peau. Aucune importance. Avec une lenteur rendue nécessaire à la fois par la panique de sa proie et par son équilibre précaire, il commença à avancer...puis se ravisa. Il venait d'avoir une bien meilleure idée. Avec un sourire, il recula et prit place sur le rebord du bassin, les pieds toujours dans l'eau, les yeux rivés sur Frenn.

"Continue de te laver dans ce cas, ne fais pas attention à moi."

Il croisa les bras sur son torse, et pour faciliter les choses, diffusa dans l'air ambiant un léger envoûtement d'ébriété. De la triche ? Peut-être. Mais qui rendait la situation bien plus intéressante.

"Continue de te laver dans ce cas, ne fais pas attention à moi."

Frenn ouvrit la bouche, puis la referma, puis l'entrouvrit à nouveau, et il finit par baisser les yeux pour ne plus voir le regard perçant de son Girudomasuta. Tout allait beaucoup trop vite, il n'avait strictement aucun contrôle sur ce qui se passait et c'était vraiment stressant. Il ne voulait pas faire ce que l'autre lui demandait. Il ne pouvait pas de toutes façons, c'était vraiment impossible. Le voleur était bien trop pudique pour ça. Mais comment se sortir de là ? Sauter hors de la baignoire et s'enfuir, nu et tout mouillé dans les couloirs ? Ce n'était pas très judicieux. Tenter de se battre ? Encore moins.

*Que faire, que faire ? Que faire ? Qu'est-ce que je dois faire...? Oh...*

Plus il s'interrogeait, et moins ses idées étaient claires. Comme si la buée sur les miroirs se déposait aussi sur ses petits neurones et rendait tout...flou. Il en venait même à se demander pourquoi il se posait la question. Quelle était la question, d'ailleurs ? L'atmosphère était douce et chaude, il voulait se glisser dans la mousse blanche qui recouvrait la surface du bain. Cet homme le lui avait demandé, alors tout le monde serait content. Oui, pas la peine de s'inquiéter, tout allait parfaitement bien.

Le voleur rassuré, se mit à frotter sa peau avec les onguents disposés sur le bord du bassin. D'abord les bras, la nuque et le visage, et puis la poitrine. Les produits formaient de jolies bulles colorées qui le chatouillaient un peu. Au moment de descendre ses mains vers son nombril, il releva les yeux vers Raphaël. Ce dernier le regardait toujours en silence, et ses yeux semblaient caresser le corps du plus jeune, il le sentait, oui ce contact visuel était presque tactile. Quant à l'eau, elle était de plus en plus chaude, contre le bas de son ventre.

Comme prévu, Frenn s'était laissé porter par la vague du sortilège sans la moindre résistance, vulnérable, si vulnérable une fois confronté à l'envoûteur. Il ne se posait plus de questions, avait abandonné sa pudeur comme les vêtements dont il s'était dévêtu un peu plus tôt et qui traînaient maintenant sur le sol. Ses mains semblaient se mouvoir avec une conscience propre. Enduisaient la peau déjà luisante de savon, et partaient toujours plus bas, jusqu'au ventre ; il jeta un coup d'oeil à l'envoûteur concentré sur ce spectacle. Irait-il jusqu'à s'abandonner complètement au vice ? Là était la question qui assaillait l'esprit prédateur de Raphaël. Il se retenait à grand peine de renforcer son sort, ou de le changer en ces vagues douces et moites, délicieuses, qu'étaient le sort aphrodisiaque. Mais non. Il ne fallait pas. Pour le moment, le garçon était ivre, pas manipulé. Pas complètement manipulé, du moins. Et pourtant, son attitude était déjà tellement lascive... Bien sûr, les circonstances jouaient - être nu devant quelqu'un n'avait pas dû lui arriver souvent - et l'homme aux yeux gris se félicitait de lui faire découvrir ainsi le plaisir de s'exhiber. Mais tout de même. C'était à se demander comment le gamin avait échappé à tous les pervers de la ville. Jusqu'à ce soir-là, évidemment.
En tout cas, il devait laisser son libre arbitre au plus jeune, autant que possible, pour mieux évaluer ce qu'il en ferait. Ce qu'ils feraient.

Raphaël rendit son regard au plus jeune, et baissa les yeux vers l'érection naissante qui perçait timidement la mousse. Il n'avait pas fallu longtemps. Voir sa proie ainsi excitée le fit sourire, et l'attente se fit encore plus lourde, pressante. Le départ était imminent. Mais il décida d'attendre encore un peu. Quelle serait la réaction de Frenn lorsque celui-ci s'apercevrait de son état ? Peu importait. Quoi que fasse le voleur, cela marquerait le réel coup d'envoi des réjouissances.

"Regarde-toi, petit voleur. Est-ce que les vapeurs du bain ont toujours un tel effet sur ton corps ?"

"Regarde-toi, petit voleur. Est-ce que les vapeurs du bain ont toujours un tel effet sur ton corps ?"

Frenn ne comprit pas tout de suite ce que voulait dire l'homme assis en face de lui. Mais lorsqu'il baissa les yeux...il se trouvait dans un état qu'habituellement il ne subissait qu'au réveil, parfois, depuis qu'il avait...euh...environ 13 ans. Et aussi quand il avait surpris une fille en train de se déshabiller en rentrant par une fenêtre pour échapper aux gardes, un jour, mais ce n'était qu'un détail. En tout cas, cette réaction n'aurait pas du se produire à ce moment-là.
C'était gênant et à la fois autre chose, quelque chose de plutôt agréable, et l'érection se confirma.

"Non, je..."

A quoi bon ajouter autre chose ? Se justifier n'aurait servi à rien, et puis il n'avait pas envie. Il se sentait beaucoup trop plein de paresse pour s'enliser dans de grandes explications. Sans rien dire, il reprit ses gestes circulaires, encore plus bas. Il ne voulait plus penser à être logique.
Quand il frôla le sexe dressé, il soupira. C'était vraiment bien. Il ne voulait pas s'arrêter, et prit l'entrejambe en main, tant pis pour le spectateur.