Balade (pv Senn Jildorevan)

Ses deux yeux kakis se sont ouverts, pétés, non de sang, mais de la surprise et de l’effroi puéril le plus absolu. La pression de la demoiselle sur son poignet était ferme, il n'essayerait pas de se dégager.
Il s'est vite projeté quelques choses dans sa tête afin d'en tirer un plan.

- "C'est bien ma veine, fallait que je tombe sur une justicière. Qu'est-ce qui t’amènes ici, jolie madame ?"

Senn a fait son plus grand sourire d'arnaqueur pendant qu'il fouillait à peu près toutes ses poches avec l'autre main. Le but était que son hygiène buccale attire l'attention, et ainsi, épargne aux yeux de la dame le fait qu'il cherchait son couteau.

Son index a effleuré son manche, celui de son arme, bien sur, et son majeur a aidé l’entièreté de sa main à se caler le couteau dans la paume. Il l'aurait, cette salope-rie. Il l'a regardée avec le même air niais des crève-la-faim, des vas-nus-pieds, espérant qu'il puisse l'abreuver sans la repaître de tout son charme infantile, le plus longtemps possible, qu'il se donne la réflexion.

Le bordel-à-sang, ce maudit tambour, sous les cotes gauches. Il y avait ce sein qui semblait vriller en harmonie avec les lumières des feux de la foire., il l'a re-regardée dans les yeux. Ô Démone des cieux, ô succube délicate, ô goule infâme. Qu'allait-il faire, ou que voulait-il faire ? Tuer ?

C'était un dérobeur de bourses, pas un voleur de vie ! Il a sorti sa main armé et il a lâché son arme sur le sol. Son sourire s'est dilué tandis que son visage s'abaissait. Il a retrouvé un succinct moment d'intimité avec lui même et sa vue, et s'est efforcé à regardé le sol.

- "Je suis vraiment affamé, désolé mademoiselle, je ne souhaitais pas vous faire perdre votre temps... Ni votre sang-froid, gardez le, je vous en prie, madame la Juge. Ou dit-on 'votre honneur' ?"

Elle avait toujours une forte poigne sur son membre, et s'était comme si elle le tenait pas la peau du cou.

Senn s'est vu voir, incrédule la main pleine de pièce de sa nouvelle meilleure amie. Il l'a regardée dans les yeux avec les siens qui pétillent de joie.

-"Mademoiselle, je ne peux pas vous contraindre à me donner de l'argent, sauf s'il faille que je vous invite à dîner avec moi."

Magnifique sourire dents blanches. C'était juste histoire de prolonger cette rencontre autour d'un pur repas, en tête à tête avec la dame dont il ignorait presque tout. Il a balayé ses cheveux genre jeune mannequin, muscles saillants en moins, puis il a pris docilement les pièces en même temps que la main de la femme. Il l'emmenait au delà de la foire, il avait déjà sa petite idée du parcours.

Il s'est arrêté pile quand elle a posé sa question. Les filles ne font que de poser des questions, et des problèmes. Il l'a regardée tendrement en souriant. Comme s'il jouait à un jeu dans lequel il s'emparait de la belle par la force et la ruse. Il était un héros des plus profondes légendes d'Aeoris.

-"Tu n'as pas de problèmes de cœur ? Non, parceque sinon, ça pète tout, tu vois.

Il a regardé la main de la fille qu'il encageait avec ses vers de terre de doigts, puis il s'est mis à murmurer une sorte de prière :

-"Dis non, dis non steuplé !"

Sa main s'est retournée dans celle de Samaëlle et elle a pris la belle au poignet en la tirant. Le garçon avait de jolies petites ailes aux pieds, et tout autant de blancheur dans le sourire.

-"Tu veux manger d'abord, ou faire les manèges après ? Et pis, je sais même pas comment tu t'appelles. Moi, c'est Senn. Jildorevan. Mais, tu peux juste m’appeler Senn.""

Il n'était pas fier de son prénom, mais, c'était mieux que pire. Il se dirigeait vers le noyau des festivités en fourrant sa main pleine de ronds dorés dans sa poche. Quand il eut pénétré la masse chaotique des gens qui passent et qui rient, il s'est assuré, d'un succinct regard, que la princesse enlevée était encore bien attachée à son poignet. Ça sentait la crème pâtissière, le sucre tiède et la victoire, ça.

-"Sam ?"

Ses yeux ont dégringolés jusqu'aux seins de la fille. C'était un drôle de prénom, pour une femelle humaine. D'ordinaire, enfin, s'il y avait un ordinaire dans la distribution des prénoms chez les hommes. Et puis, il s’appelait bien Senn, quoi.
La seconde phrase prononcée, et le plaisir du choix s'accumula au bonheur de sa vue. Il a regardé un instant ailleurs, faisant la liste des attractions fumantes qu'il rêvait de faire, ou des bons restaurants - à porté de son budget - qui pourrait lui remplir la panse, à lui et à Sam. Il a pincé une moustache fictive en tirant sa bouche, le temps de se donner la réflexion ET d'avoir l'air du type le plus frais d'Aeoris.

-"On a qu'à manger au 'Lombric qui prend son pied', tu connais ? Ils servent pleins de plats hyper bons, avec des ingrédients originaux, et tout !"

Comme il avait le choix du programme, il n'attendit pas l'autorisation de la donzesse pour la tirer à vive allure vers l’extrémité de la foire.

Ce geste n'était pas barbare, c'était la fleur sur le biscuit du romantisme infantile.

Il a freiné net. Si ça continuait comme ça, il devrait aller vérifier ses plaquettes. Elles sont bien bonnes, mais poser leurs questions quand on marche vite, quoi ! Il a repris le débit de sa marche avant de chercher une réponse correcte.

- "On joue à aller manger, miam, parce que, c'est la politesse, tu m'as donné des sous !"

C'était correct, à son sens du terme. On arrivât au pied dudit restaurant. Il y avait pleins de petites lanternes qui tombait du préau, lequel hissait une pancarte avec un ver de terre, une botte au bout de la queue, qui rigolait. Les deux individus, l'une entraînée par l'autre, se glissèrent dans la queue qui faisait front au bâtiment.

- "Y'a du monde, mais, ça va vite quand on est patient !"