La lame arrogante [Pv Eorlund Acmor]

Un regard à droite, un regard à gauche: Il n'y avait rien. Bien...il pouvait continuer à avancer. Il y avait des jours comme ça où on était plus vigilant, plus attentif, plus paranoïaque... Il était de ces jours où n'importe quoi semblait une agression constante: un aboiement, un cri de bébé, une fleur qui tombe, un volet qui s'ouvre. Il était de ces jours où on ne pouvait concevoir de sortir sans être assez bien équipé. Et Reivax était dans un de ces jours. Pas très facile à vivre, il était une personne dont la confiance s'accompagnait très généralement de nombreuses épreuves auparavant pour l'acquérir. Chef d'une faction dite sur le déclin, chef d'une résistance depuis trop longtemps détesté des pouvoirs actuels, fuyard, escroc, il tentait par tout les moyens de se déplacer discrètement.

Les sombres ruelles de la ville basse étaient parfaite. Personne n'osait s'y aventurer, la garde les avait désertées depuis trop longtemps déjà et la vie y était dure et pénible. Bref, un endroit parfait pour les bandits, les rebuts de la société, les dealers, les contrebandiers et autres sortes de déchets...humain ou non d'ailleurs. Et c'était donc par définition le lieu parfait pour une entrevue entre lui et le capitaine de son armada de vaisseau marchand transformée en armada de reconquête de la ville.
Le girudomasuta longeait les murs, fonçant dans chaque ombre se présentant, toujours aux aguets, surveillant le souffle de l'air dans chaque fleur posée sur les bords des volets.

Il avançait doucement lorsqu'il vit une ombre se rapprocher. Il décida de marcher au milieu de la rue mais resta sur ses gardes. L'homme avançait, lui aussi. Ils se retrèrent dedans et Reivax se retourna: quelque chose ne lui plaisaît pas chez cet homme.

Le public féminin des ruelles était vulgaire, les prostituées d'Aeoris manquaient définitivement de classe. Je repensais avec délice à la charmante jeune fille avec qui j'avais eu le plaisir de passer la nuit. Je n'allais malheureusement pas être là pour voir la réaction de son père quand elle lui avouera avoir perdu sa précieuse pureté avec un vaurien tel que moi. "Vaurien" était leur insulte préférée, et elle n'était pas dénuée de vérité.

La tête de pleine de luxure je ne pris pas garde à là où je marchais et percutait un homme alors que celui-ci marchait en face de moi. Il ne dût pas apprécier, il se retourna, et me jeta un regard plus qu'agacé. Il n'y avait bien entendu aucune chance pour que je lui présentes des excuses mais son regard frisait l'insulte. Afin de bien lui signaler que s'il continuait à me fixer de la sorte il allait le regretter je posais la main sur la garde ouvragée de mon épée. Il n'y avait pas d'avertissement plus clair.

Nous continuâmes à nous fixer pendant quelques secondes, tels deux fauves. Ce type, n'était pas humain. Je ne pouvais dire avec précision à quelle espèce il appartenait mais il fallait mieux que je reste sur mes gardes. Je n'étais après tout qu'un "simple" humain. C'était agaçant de voir les non-humains proliférer ses derniers temps. Aeoris était une ville humaine avant tout, grâce à Stannis. Mais nous étions désormais réduis à n'être que des proies faciles pour les non-humains qui nous méprisaient. Enfin c'était le cas pour ceux qui n'étaient pas capable de se battre correctement. La loi du talion qui régissait Aeoris m’arrangeait bien en définitive.

Finalement agacé par le regard de l'inconnu que j'avais, rappelons le, malencontreusement bousculé, je l'apostrophais ainsi:

"Vous auriez pu regarder devant vous!"

Je préférais toujours jouer le rôle de l'offensée que de l'offenseur, même si pour cela je devais faire preuve de la plus flagrante des mauvaises fois.

Qu'avait-il donc pu faire aux dieux pour être ainsi éternellement dérangé par des imbéciles. Hier un ivrogne fin saoûl qui avait finit en pleur et parlant de sa femme, aujourd'hui un épéiste trop sûr de lui... Demain quoi? Une prostituée en plein ébat?! Il avait effectivement une belle flopée de jurons qui lui venait à l'esprit mais sa politesse et son bon sens lui interdisaient de les lancer. Ces derniers temps étaient durs pour tout le monde et on ne pouvait pas non plus blâmer ceux qui pouvaient se défendre de le faire.
Mais il doit toujours y avoir un "mais". Ici, il était par rapport à son attitude arrogante à souhait. Voulait-il réellement le défier. D'accord, il n'était plus personne depuis longtemps...l'avait-il d'ailleurs été un jour puisqu'il n'était pas encore aux yeux de tous le girudomasuta des voyageurs? Enfin là n'était pas la question. Il se retourna lentement, laissa sortir une main de son manteau, paume vers le ciel et la laissa s'illuminer de vert, avertissement plus qu'évident pour prévenir qu'une simple lame ne l'effrayait nullement.

-Depuis quand les gueux se permettent ce genre de remarques?! On dit Pardon messire et on s'écrase lorsqu'on commet ce genre de bourde! Si je n'avais été si bon, je t'aurais fait pendre mais tu as de la chance, c'est mon jour de bonté. Pars donc mendiant et tu auras la vie sauve!

Jouer le grand seigneur marcherait peut-être? Après tout, le bluff avait parfois bien fonctionné et puis il ne servait à rien de jouer du fer avec ce crétin qui ne semblait pas vouloir partir, ça ne ferait que le ralentir...

Spoiler:

A n'en pas douter il était un adepte de magie, de quelle type elle était ça je ne pouvais le dire avant de l'avoir expérimentée. Ce que je ne comptais pas faire dans l'immédiat car une telle expérience allait sûrement se faire à mes dépends. Et je n'avais pas envie qu'une balafre abîme mon visage même si les dames appréciaient les hommes avec quelques cicatrices j'en avais suffisamment sans avoir besoin d'en ajouter à ma collection.
Ma lame n'avait pas l'air de l’effrayer ce qui paraissait assez logique. Cependant j'avais pris l'habitude de l'enduire de poison, on ne sait jamais quand un duel tourne mal, surtout contre un non-humain.

-Depuis quand les gueux se permettent ce genre de remarques?! On dit Pardon messire et on s'écrase lorsqu'on commet ce genre de bourde! Si je n'avais été si bon, je t'aurais fait pendre mais tu as de la chance, c'est mon jour de bonté. Pars donc mendiant et tu auras la vie sauve!

Des discours comme celui-ci on m'en avait fait beaucoup, et des mieux. Même si le non-humain connaissait sans doute de nombreuses façon de me tuer, me faire souffrir, me torturer, m'arracher des bouts, les menaces de pères outragés étaient plus impressionnantes. Mais c'est comme tout, on s'y fait.
Je le saluais narquoisement et lui répondis sur le ton le plus méprisant que je pus adopter.

"Vous parlez beaucoup, et semblez plus prompt à souligner une offense qu'à vous en venger. Maintenant si les mondanités son terminées pouvons nous passez aux choses sérieuses? Dans les règles de l'art bien entendu..."

Sur ce je pointais ma lame vers lui et activais la seule défense que je possédais s'il décidait à m'attaquer avec sa magie. Le pendentif se mit à vibrer contre mon torse, diffusant son pouvoir. Au moins il me protègerait un minimum. Enfin je l'espérais.

Spoiler:

Seul un soupir se laissa entendre dans la ruelle. Un soupir long et bruyant. Un soupir de colère? Un soupir de dégoût? C'était difficile de savoir exactement lequel. C'était peut-être même un peu des deux mêlés.
Plus il réfléchissait et plus il trouvait les humains stupides. Ils étaient impétueux, bruyants, grossiers, inutiles, faibles, lâches, enclins à tout les vices possibles et ne servaient au final qu'à nourrir les autres mais, du fait de leur grand nombre, ils savaient se faire entendre.
Celui là semblait être un parfait représentant de sa race... L'erreur est humaine disait-on...

Il regarda l'énergumène dans les yeux et soupira une nouvelle fois. Il écarta doucement les pans de son manteau et le laissa tomber au sol avec sa cape, révélant son armure de cuir ainsi que sa lance qui ne le quittait que rarement.
Il y allait avoir du grabuge dans cette ruelle.

Dans le mouvement pour dégainer sa lance, il en profita pour frapper dans l'arme de son adversaire et, toujours dans ce mouvement, se mit en garde, pommeau de la lance vers son adversaire, tenant l'arme quelques dizaines de centimètres en dessus de la lame qui était tendue vers l'arrière.

-Tu es vraiment sûr de vouloir faire ça? Tu es un imbécile si tu penses pouvoir t'en sortir...et un imbécile suicidaire de surcroît...