Des histoires à s'en arracher les cheveux [pv Reivax Baëleän] [TERMINÉ]

La voir sourire lui mit un peu de baume au coeur. Après tout le mal qu'il lui avait fait depuis la nuit, il se devait de tout faire pour réparer sa faute...
Elle ne voulait pas le blesser? Quelque part, ça le blessait plus de ne pas être au courant mais ses intentions étaient louables.
- D'ailleurs, je ne sais pas vraiment pourquoi j'ai peur de te blesser à ce point-là... Normalement, le coeur des autres m'importe peu, mais dans ton cas je n'ai même pas la moindre envie de te faire du mal.
Il ne savait vraiment comment prendre cette déclaration. Soit elle ne le prenait pas comme un adversaire raisonnable, soit...soit...la conclusion s'imposait à lui, mais il n'arrivait pas à faire sortir ces mots.
D'après ce qu'il en savait, ce sentiment devait venir après une longue relation. Un coup de foudre? Il avait vu de nombreuses personnes parler de ce moment il était censé avoir trouvé l'être aimé...et étrangement, il se séparait très souvent.
Ce phénomène pouvait-il vraiment arriver? Pouvait-il vraiment LUI arriver?
Certes, il ressentait quelque chose pour elle...mais de là à dire que...qu'il...qu'il l'aimait?
-Est-ce que tu pense que c'est ça l'amour? Un sentiment qui te dévaste autant que ce qu'il peut plaire? Il laissa son regard se perdre dans le décor. Est-ce que l'amour c'est une sorte de dégoût de soi-même?

-Est-ce que tu pense que c'est ça l'amour? Un sentiment qui te dévaste autant que ce qu'il peut plaire? Est-ce que l'amour c'est une sorte de dégoût de soi-même?

Trop ébranlée pour répondre, je continuai à fixer cette rose avec acharnement, si bien qu'elle finit par partir en fumée. L'amour... je n'en avais aucune idée, peut-être que ce que ressentais pour lui en était, mais malheureusement je ne pouvais pas en être certaine.

Je baissai les yeux vers mes mains serrées sur mes genoux et lâchai un monologue saccadé par la honte :

- Je ne sais pas ce qu'est l'amour, c'est juste que je ne veux pas te faire de mal... Je... Je ne sais pas trop comment l'expliquer, mais quand je t'ai revu, mon coeur a failli exploser, je me suis sentie mal à l'aise par peur de faire une énième bourde... A ce moment-là pourtant, mon coeur était brûlant, mais je ne sais pas pourquoi. Et puis depuis que je t'ai bousculé dans l'allée j'ai toujours les images de cette satanée nuit qui me reviennent... et ces images, dans un sens elles me font honte et en même temps elles rendent mon coeur encore plus chaud... Je sais que tu vas penser que je suis dingue et si je te fais peur, tu n'as qu'à me le dire !

A peine avais-je dis ça que mes yeux s'embuèrent d'une fine pellicule de larmes. Je n'arrivais pourtant pas à quitter ses yeux, même si la honte me travaillait...

-Je sais que tu vas penser que je suis dingue et si je te fais peur, tu n'as qu'à me le dire !
A ce moment là, il ne pût réprimer un léger rire. Après s'être calmé, il regarda Meliza une nouvelle fois dans les yeux.
-Si tu me faisais peur, tu ne pense pas que cela ferait longtemps que je t'aurais laissé tranquille? Plaisanterie à part, je dois reconnaître que depuis que tu m'as avoué ta grossesse, les visions de cette nuit ne cessent de tourner dans ma tête...avec beaucoup d'autres choses en fait.
Beaucoup d'autres choses était un euphémisme par rapport à ce qui se tramait dans sa tête. Il ne cessait de penser à ce qu'il avait fait...ce qu'il allait faire...probablement du moins. Il continuait de la regarder dans les yeux. Certains disaient qu'ils étaient les fenêtres de l'âme...et pour l'instant, il n'y voyait que détresse et tristesse. Presque inconsciemment, il s'était penché pour coller ses lèvres contre les siennes, une nouvelle fois. Il resta ainsi quelques secondes, noyé dans sa contemplation.
Il se détacha de ses yeux dès qu'il comprit ce qu'il était en train de faire. Lui envoyant un sourire gêné, il reprit:
-Il me semble évident que la peur n'est pas le sentiment qui domine lorsque je te vois...Quant à la folie, je pense qu'il sera dur de déterminer qui de toi ou de moi est le plus fou des deux...cependant, ça non plus ne m'effraie pas. J'ose espérer que tu me laisserais une...chance de...de te démontrer que je...enfin que ça pourrait marcher entre nous.
C'était très mal exprimé mais c'était à peu près ça qu'il pensait...

Marcher entre nous ? Mon visage flambait sous le malaise qu'il venait de jeter en m'embrassant à nouveau et en me faisant cette déclaration. Que pouvais-je donc bien répondre. Je me voyais mal, moi, une tortionnaire à temps partiel, avoir la moindre relation avec un homme. J'avais envie de m'enfuir comme je le faisais toujours.

- Ne serais-tu pas dégoûté par une fille qui a passé le plus clair de sa vie à traquer et torturer des individus. Je n'ai même pas pitié d'eux, en réalité ça m'amuse même de faire ça...

Cette fois, c'était certain, il devait me jeter. Dans le cas contraire, son esprit devait être soi aussi tordu que le mien, soi encore pire. Qui aurait pu un jour imaginer qu'une enflure comme moi puisse mettre au monde un enfant ? Certainement pas ceux que j'avais supplicié ; moi-même je m'étais résignée à vivre une vie solitaire.

Pourrais-je continuer à vivre comme avant ? Probablement pas.

- Ne serais-tu pas dégoûté par une fille qui a passé le plus clair de sa vie à traquer et torturer des individus. Je n'ai même pas pitié d'eux, en réalité ça m'amuse même de faire ça...
Elle bourreau? Il avait bien du mal à l'imaginer sa vis-à-vis en train de supplicier des personnes, fussent-elles réellement coupables. Néanmoins, ayant vu ce dont elle était capable, il ne remettrait pas sa parole en doute. Un de ces jours, il faudrait qu'il assiste à une des ses séances, juste pour savoir comment ça se passait. Cela pourrait être distrayant...à moins d'être le torturé...Enfin, tout dépendait bien sûr de la torture subie. Rien qu'a cette pensée, il sourit, sûrement au grand désarrois de son interlocutrice. Se concetrant sur elle, il reprit d'une voix amusée:
-Et bien dans ce cas, je devrais certainement fuir à toutes jambes...ou bien, suivant ma nature, je me laisserais entraîner par le risque, pour être sûr de n'avoir rien à regretter. Quelque part, c'est un avantage et un défaut.

-Et bien dans ce cas, je devrais certainement fuir à toutes jambes...ou bien, suivant ma nature, je me laisserais entraîner par le risque, pour être sûr de n'avoir rien à regretter. Quelque part, c'est un avantage et un défaut.

Je savais qu'il allait regretter, mon caractère ne permettait à aucun être vivant digne de ce nom de me supporter. De plus, mes habitudes étaient disons quelque peu étranges parfois, le maître m'avait appris à vivre, mais à sa manière malheureusement. Si ce cher Reivax avait envie d'exotisme, il allait voir du pays.

- T'as des couilles, toi. T'imagine même pas à quel point je peux être insupportable.

Je croisai les bras et soupirai. Que devais-je faire ?

- De toute manière, je vois pas à quoi je te servirai...

Je n'étais une petite fille bien élevée, la cuisine, le ménage, les mamours... Tout ça n'était pas pour moi.

- T'as des couilles, toi. T'imagine même pas à quel point je peux être insupportable.
On pouvait dire ça oui...Il aimait plutôt prendre des risques, jouer avec le feu, quitte à se brûler. Au moins, elle était franche et directe, qualité d'autant plus rare qu'elle était à double tranchants. Mieux valait tomber en face de quelqu'un de plutôt sympathique sans quoi il pouvait vous arriver bien des choses.
- De toute manière, je vois pas à quoi je te servirai...
Reivax s'arrêta de respirer pendant quelques instants...avant de faire exploser un banc de pierre assaillit par du lierre.
-Ne répète jamais ça!
Tandis qu'il avait hurlé ça, il avait fixé sur elle un regard à moitié de haine et à moitié de dégoût.
-On m'a traité de bien des choses dans ma vie: de monstre, d'abomination, d'expérience ratée, de manipulateur, de tueur et même d'hérétique. Mais jamais de ma vie on a eu à me reprocher quoi que ce soit du traitement que j'aurais pu infliger à une femme. Une femme ne me sert pas sinon je serais allé chercher une servante...
Ils restèrent un moment en silence avant qu'il ne reprennent plus calmement:
-Seulement, une servante n'a pas les qualités que je recherche chez une femme. A savoir, la force de caractère, une certaine forme de courage et surtout un peu de folie pour rendre le quotidien intéressant.

Durant une fraction de secondes, le temps s'était arrêté. Son regard était devenu haineux et dégoûté, puis un banc en pierre avait explosé. Mon vis-à-vis ne se maîtrisait peut-être moins que ce que je pensais.

-Ne répète jamais ça!

Pauvre de lui, c'était le genre de choses stupides qui sortaient très souvent de ma bouche. Il allait souvent péter les plombs, s'il s'obstinait à vouloir s'occuper de moi et du petit.

-On m'a traité de bien des choses dans ma vie: de monstre, d'abomination, d'expérience ratée, de manipulateur, de tueur et même d'hérétique. Mais jamais de ma vie on a eu à me reprocher quoi que ce soit du traitement que j'aurais pu infliger à une femme. Une femme ne me sert pas sinon je serais allé chercher une servante...

Il n'avait pas franchement comprit là où je voulais en venir. Je n'avais pas eu un instant dans l'optique de l'insulter. Je détournai le regard. Il reprit plus calmement :

-Seulement, une servante n'a pas les qualités que je recherche chez une femme. A savoir, la force de caractère, une certaine forme de courage et surtout un peu de folie pour rendre le quotidien intéressant.

Pouvait-il comprendre que je venais d'un milieu pauvre et qu'on ne m'avait pas éduqué de la même manière que lui ? J'avais reçu une instruction poussée, certes, mais mes habitudes étaient de loin différentes. Tout dans la vie devait avoir une utilité, il en allait de même pour une femme ainsi que pour un époux.

- Je ne pensais pas t'insulter en te disant cela. Je suis désolée... C'est juste que là d'où je viens, la vie est dure et j'ai appris que dans un couple chacun avait sa fonction, mais en ce qui me concerne je ne vois pas en quoi je suis douée à part pour taper sur des crétins et les torturer... Ah si, je suis douée pour danser, mais c'est inutile dans un couple.

Si je ne me trouvais pas d'utilité, je m'en voudrais, car je ne serais qu'un poids pour lui.

- Je comprends qu'une servante fasse le travail d'une femme dans les milieux riches, mais chez moi c'est différent : une femme est sensé cuisiner, nettoyer, s'occuper des enfants... Et je ne suis en aucun cas capable de tout ceci, à part peut-être concernant la nourriture, mais je doute que tu aimes...

Je me levai et quittai le banc, il commençait à faire froid, l'hiver n'était pas aussi doux que je l'avais pensé au sud.

-Et puis je t'avais prévenu...

-Et puis je t'avais prévenu...
Et c'est sur cette phrase qu'elle s'en est allée.
Il avait mollement levé son bras pour la rattraper mais l'avait laissé retomber. A quoi bon au final? Essuyer un nouveau refus? Beaucoup disaient "Jamais deux sans trois". Et bien pour lui si...ce serait deux sans trois. Pourquoi persévérer pour se voir remballer encore une fois. Il était solide mais là c'en était trop...
Il devait certainement essayer de s'occuper de trop de choses à la fois: Protéger son girudomasuta, essayer de réunir une coalition des deux factions contre Lady B., engager une armée personnelle...puis ça.
Non, il se contenta de lancer un dernier regard à la femme qui portait son enfant puis s'en retourna dans la bibliothèque.

D'un pas rapide, je traversai le bâtiment. Il me fallait rentrer avant que la nuit ne tombe,car les rues d'Aeoris étaient bien dangereuses surtout pour une marcheuse par les temps qui courraient. Aussi, le petit me faisait sentir que je devais manger.

A nouveau, j'avais tout gâché à cause de mon éternel orgueil. Seule, je rentrais chez moi et, seule, je resterais. Je ne pouvais pas entraîner Reivax dans mon malheur, ni mon fils d'ailleurs. S'ils voulaient être heureux un jour, mieux vallait que je m'éloigne d'eux le plus possible. En fin de compte, partout où mes pas m'avaient guidés, je n'avais semé que mort et folie. Qu'allais-je bien pouvoir faire de l'enfant ? Le laisser devant une porte au milieu de l'hiver, ne me rendrait que plus misérable.

Ma mère était morte lorsque j'avais quatre ans, mais, depuis ce jour maudit, rien n'avait changé. Le monde me semblait toujours aussi pitoyable. Ceux qui le peuplait étaient toujours aussi dégoûtants, qu'ils soient d'un côté ou d'un autre. Petit à petit, ce monde s'effritait pour donner lentement naissance à un enfer. La Géhenne m'avalait, elle prenait de jour en jour plus de place dans mon être. Seul, le bébé me donnait le courage de la combattre.

Doucement, je posai une main sur mon ventre, puis un nouveau problème vint hanter mon esprit. Il fallait que je lui donne un nom. Il fallait que je lui donne l'amour que je n'avais jamais reçu. L'abandonner signifierait laisser mourir une part de moi-même...

Reproduire les erreurs du passé n'était en rien sage. Avancer... Oui, il me fallait avancer et me battre !

[Sortie du RP]

Il était revenu dans la bibliothèque, avait reprit un livre au hasard sous le regard interrogatif du bibliothécaire. Il s'était écrasé lamentablement sur une chaise et continuait à réfléchir sur ce qui venait de se passer...La situation lui avait littéralement glissé entre les doigts. Elle avait peut-être raison en parlant des différences de milieux et...et puis...au final, il n'y avait rien eu en fait. Ils parlaient, elle partait, il la rattrapait et ça recommençait.
Il essaya de se calmer en lisant le livre qu'il venait de prendre mais celui ci n'arrêtait pas de trembler, ou peut-être était-ce lui qui tremblait? Faute de pouvoir lire, il le lança au loin et s'obligea donc à réfléchir encore une fois.
Non, décidément, rien n'était simple dans la vie. Si il était juste question d'une femme, la chose aurait été bien vite réglée. Mais là, il y avait l'enfant...son enfant...leur enfant.
Il devait donc la revoir...
En fait, cette fille était un peu comme un fruit exotique inconnu: on y goûte sans vraiment savoir les risques qu'on prend et on voit après les conséquences...
Et on pouvait dire que les conséquences était monstre mais que ça allait avec le fruit en question.
Reivax se leva donc et alla au seul endroit vraiment propice à la réflexion: son manoir.
Peut-être finirait-il par trouver enfin une solution.

[Fin du rp]