Massacrons-nous dans la taverne (pv Kealey) - Abandonné

C'était une soirée comme beaucoup d'autres à la taverne. L'endroit était rempli de gens louches, et l'ambiance était loin d'être aussi conviviale qu'à l'auberge, mais passé un certain seuil d'ébriété et avec une jolie jeune femme sur les genoux, on pouvait toujours trouver le moyen de s'y amuser ; c'était du moins ce que pensait Raphaël à cet instant précis.
Le jeune envoûteur passa sa main sur la cuisse de la splendide créature qui s'appuyait contre lui, et celle-ci gloussa avant de l'embrasser langoureusement. Elle portait un parfum bon marché et un peu trop de maquillage, mais sur ce point, il n'était pas vraiment difficile. Il profita de ses lèvres un moment, puis la repoussa avec un sourire.

"Doucement ma belle, nous avons toute la nuit devant nous."

Elle fit mine de bouder et se mit à jouer avec les cheveux du Girudomasutâ tandis qu'il attrapait un verre d'alcool posé sur la table, devant lui. Alors qu'il buvait, il se mit à observer les autres clients. Certains le regardaient avec un air peu commode, probablement frustrés de le voir avec la jolie brune, d'autres ne faisaient pas attention à eux et buvaient en discutant à voix basse. Tout avait l'air normal, en somme.
Quoique... il remarqua après coup un groupe d'hommes attablé un peu à l'écart. A en juger par les cartes à jouer qu'ils tenaient, on aurait pu penser qu'ils se détendaient avec un jeu d'argent quelconque, s'ils n'avaient pas tous été en train de le fixer d'un air mauvais.

Ils étaient huit. Et après que leur regards aient croisé celui du Girudomasutâ, ils posèrent leurs carte à jouer, se levèrent lentement et s'avancèrent vers lui. Leur façon de se mouvoir ne faisait aucun doute : il s'agissait de combattants. Armés.
Raphaël les détailla un part un, cherchant un signe distinctif dans leur tenue qui pourrait le renseigner sur ce qu'ils voulaient. Leurs vêtements étaient parfaitement neutres, rien d'intéressant de ce côté là donc ; mais trois d'entre eux portaient tout de même l'insigne de cuir caractéristique des mercenaires. La situation se présentait mal. TRÈS mal.

Le silence était tombé sur la salle. Les habitués commencèrent s'agiter dans une mélange d'impatience et d'excitation : ils savaient déjà comment tout ça allait finir. La jeune fille assise sur les genoux de l'envoûteur était visiblement tendue, mais prit le parti de s'accrocher fermement à sa chemise, décision qu'elle eut l'air de regretter amèrement lorsqu'elle s'aperçut que le groupe d'inconnus s'était disposé tout autour d'eux.

Raphaël réfléchissait à toute vitesse, bien que cela ne soit pas visible extérieurement. Il avait confiance en sa magie, mais s'il devait y avoir combat au corps à corps avec ces types, il n'avait pas la moindre chance ; d'une part parce qu'ils étaient probablement plus expérimentés que lui, d'autre part parce qu'ils étaient huit. Et la présence d'une femme apeurée sur ses genoux n'arrangeait rien.
Autrement dit, il était hors de question de les laisser attaquer les premiers.

Il commença à invoquer un très léger sort de confusion, qui se diffusa tout autour de lui - tant pis pour la fille. Le principe était de le renforcer progressivement, afin qu'il ne puisse pas être perçu par un éventuel mage du groupe. En attendant qu'il atteigne le niveau désiré, il fallait donc gagner du temps. Il s'appuya sur le dossier de sa chaise.

"Que puis-je pour vous, Messieurs ?"

Kealey vit les hommes se lever et entourer l'habitué et sa greluche.
Le silence tomba sur la salle.
L'atmosphère était lourde, chaque personne présente à l'affût, attendant le coup qui annoncerait le début de la bataille.
La femme s'agrippa à la chemise de l'homme et Kealey posa l'énième verre qu'il essuyait avec le chiffon crasseux, sentant le sort de confusion s'étendre peu à peu.
Il ne semblait pas y avoir de mage du côté des assaillants, ou alors était-il bien peu doué sinon il aurait déjà commencé à sentir le sort dont la puissance augmentait progressivement.

"Que puis-je pour vous, Messieurs ?"

Les hommes se regardèrent puis l'un deux hocha la tête. Les autres commencèrent à sortir leurs armes le plus discrètement possible - soit on ne peut plus évidemment - tandis que celui qui avait hoché la tête et semblait être le chef s'adressait au coureur de jupon auquel la fille désespérée s'accrochait toujours.

"Une chemise hors de prix gâchée, une!" pensa amèrement Kealey en voyant les jointures des doigts pâles de la fille blanchir tant elle s'accrochant au vêtement de l'homme.

"Si tu pouvais nous donner ta vie, nous t'en serions reconnaissants" railla le chef du groupe.

"La fille a peur" nota Kealey en sentant son effroi.
Et cela lui plu. Quoi de mieux qu'une fille en détresse pour pimenter le combat qui s'annonçait? Et voir le magicien en pleine action lui permettrait peut-être de se rincer l'oeil. Du moins, un peu avant qu'il n'ait à intervenir au premier objet cassé - et il n'espérait pas que ce soit la table! Etant responsable de la taverne en l'absence du parton, il devrait payer les dégâts de sa poche, et il n'avait pas envie de se faire arnaquer par ce parton ventripotent et véreux. Surtout s'il devait payer en nature!
Il retint de justesse un soupir et continua d'observer la scène avec intérêt, attendant la réponse du magicien...

"Si tu pouvais nous donner ta vie, nous t'en serions reconnaissants."

Raphaël haussa un sourcil. Il s'attendait évidemment à ce qu'ils en aient après sa vie, mais il trouvait un peu vexant le fait qu'ils tentent de plaisanter avec tant d'assurance. Ses yeux se firent aiguisés comme des rasoirs.

"Quel sens de l'humour ravageur...je suis impressionné par un tel trait d'esprit. Cela dit, on ne peut s'attendre à guère mieux de la part de quelqu'un de votre espèce, j'imagine.

- Garde ta langue de serpent dans ta bouche, Kelen. Sache que c'est le seigneur Stridaro qui nous envoie. Et quand nous lui ramèneront ta tête, la récompense sera de taille."

Stridaro...un lâche qui avait tenté de l'arnaquer plus d'une fois sans succès. Il convoitait les hauts rangs de la guilde marchande depuis des années, et causait déjà des problèmes au temps d'Althern.

"Stridaro vous dites...j'aurais dû m'en douter. Il n'y a que cet imbécile pour penser que des combattants de seconde zone auraient une chance de m'abattre."

Les hommes grognèrent tout autour de lui. Sa remarque avait fait son petit effet, et ils s'apprêtaient à passer à l'attaque. L'envoûteur chercha du coin de l'oeil lequel d'entre eux allait frapper le premier...ce fut à un homme roux placé sur sa droite que revint ce rôle. D'un mouvement aussi vif que puissant, il sortit une hache et l'abattit sur le Girudomasutâ. Ou du moins, sur ce qu'il pensait être le Girudomasutâ.
Ce qu'il ne savait pas encore, c'était que le sort de confusion avait largement eu le temps d'atteindre le niveau souhaité. L'arme s'écrasa sur la chaise voisine de celle de Raphaël, détruisant le meuble d'un coup. La fille accrochée à lui hurla, mais il l'attrapa par la taille et profita de l'incompréhension de ses assaillants pour bondir souplement sur la table et échapper au cercle des mercenaires.
La panique - ou la folie ? - se propagea comme une trainée de poudre dans la taverne.

Kealey retint un soupir de désespoir en voyant la pauvre chaise innocente éclater en mille morceaux, faisant disparaître ainsi une partie de son maigre salaire - ou annonçant un mal de dos pour le lendemain.

Evidemment, ce fut à ce moment précis que le propriétaire de la taverne revint, passablement énervé. Il croisa le regard de Kealey lui intiment l'ordre de lui expliquer la situation.

"-Les mercenaires veulent tuer Raphaël Kelen." le renseigna le brun le plus naturellement du monde.

"-Ce Girudomasutâ... Encore à courtiser la mauvaise fille..." grogna le tavernier dont la colère croissait à toute vitesse. "S'il croit que son statut l'autorise à tout casser dans mon café, il se fourre le bras dans l'arrière-train! Va les arrêter, que tu serves à quelque chose!"

Le pauvre barman quitta le bon côté du comptoir, prêt à s'exécuter, mais deux hommes lui bloquèrent l'accès à la salle.

"-Puis-je vous aider messieurs?"
"-ôte donc ce sourire innocent de tes lèvres rôdeur, notre maître veut te faire payer pour ta lâcheté.
-Allons bon... A-t-il de nouveau besoin de mes services?
-Ta vie lui suffira."

Cette fois, le rôdeur ne chercha pas à retenir le soupir qui franchit ses lèvres. Perdu pour perdu... Et si quelqu'un pouvait faire taire les cris de cette potiche, il lui en serait gré.

La fille était décidément trop gênante, sans compter que ses cris perçants lui tapaient sur les nerfs. Il s'arrêta une seconde, saisit son menton pour l'obliger à le regarder et plongea ses yeux dans les siens, ce qui eut pour effet de l'endormir immédiatement. Un problème de moins.
Raphaël abandonna la belle au bois dormant sur une chaise posée dans un coin, et se retourna vers la salle. Tous les clients avaient déserté le centre de la pièce pour se masser le long des murs, près de l'entrée et dans les escaliers. Ils observaient tous la scène avec enthousiasme, et certains commençaient même à prendre les paris.

*Bande de bouseux stupides...*

Le girudomasutâ avait pensé que le patron de l'établissement serait intervenu, mais apparemment ce n'était pas le cas : du côté du bar s'était formé un petit groupe d'hommes dont aucun ne semblait prêter attention au combat qui démarrait. Tant pis.
Il reporta son attention sur ses adversaires. Pour le moment, trois d'entre eux continuaient de mouliner dans l'air et de frapper les meubles, sans comprendre ce qui leur arrivait. Les moins expérimentés donc. Les autres avaient plus d'esprit, et s'étaient arrêtés. Aux aguets, ils tentaient de détecter la position de leur cible malgré l'envoûtement. Raphaël sortit la dague dissimulée sous sa chemise, et se mit en mouvement.

La fille finit par se taire et Kealey remercia les dieux pour leur geste.

"-Puisque je n'ai pas le choix, soupira-t-il une nouvelle fois avec résignation."

Les hommes échangèrent un regard étonné ayant croyant que le rôdeur avait accepté sa mort imminente, mais ce regard les condamna.

Sans qu'ils s'en aperçoivent, le brun sorti sa dague en diamant et égorgea celui à sa gauche avant de planter sa lame dans l'oeil de l'autre, le sang allant maculer son visage.

Kealey attrapa un des torchons sales qui traînaient là et essuya sa lame avec un nouveau soupir las alors qu'un groupe de spectateurs se détachait de la foule et venait se planter devant lui, l'air mauvais.

"trop mauvais" pensa amèrement le brun qui garda tout de même ce sourire innocent qu'il n'avait pas quitté.

"-T'es vraiment pas commode toi, lança le chef de la bande."

Kealey les connaissait de vue, ils étaient tous habitués de la taverne. Ils formaient un petit groupe de barbares louant leurs services lorsque le sous venait à leur manquer.

"-Comme si j'allais les laisser me tuer aussi facilement", rétorqua Kealey en accentuant son sourire, se donnant l'air encore plus innocent - si on omettait le sang qui coagulait sur son visage et la dague qu'il essuyait dans le torchon sale.

L'une des armoires à glace plantées devant lui grogna, tentant ainsi d'exprimer son mécontentement, et arma son poing.

Anticipant le coup, le Rôdeur se baissa, laissant le barbare perdre l'équilibre et en profita pour passer derrière-lui et lui asséner un coup de talon dans l'arrière-train, achevant de le faire basculer en avant, droit dans le buffet où se trouvaient les bouteilles qui commencèrent à lui tomber dessus à cause du choc.

Les sept autres barbares présents regardèrent la scène médusés, tandis que Kealey s'avançait vers le Girudomasutâ dont les adversaires s'évertuaient à détruire le mobilier, faisant voler en autant d'éclats le salaire du Barman. Il s'éclaircit la gorge avant de se lancer.

"-Je vous prierai messieurs, de bien vouloir cesser et de rembourser ce que vous avez..."

Il fut coupé par un des barbares qu'il avait laissés près du comptoir. une table en moins, une... Ha non, deux, avec celle que le roux venait de briser, deux... Trop, c'était trop, aussi Kealey décida-t-il de mettre fin lui-même à cet affrontement. Il se tourna vers les barbares qui l'avaient attaqué, reculant alors que ceux-ci avançaient.

Il se heurta bientôt à quelque chose dans son dos puis réalisa qu'il s'agissait en fait de Kelen.

"-Monsieur Kelen, je vous prie de mettre fin à cette lutte, qu'importe la manière! Mon salaire a été assez diminué pour cette nuit!"

L'envoûteur s'approcha rapidement de son ennemi le plus proche et l'attrapa par derrière. L'autre sursauta et voulut se dégager, mais il s'arrêta bien vite en sentant le métal froid de la lame sur sa gorge. Raphaël réfléchit un instant à ce qu'il convenait de faire - le tuer ou non. Il aurait suffit de leur faire peur ainsi et de leur dire de partir. Mais...l'ambiance était propice à un vrai combat, les curieux voulaient du spectacle, et le chef des marchands était d'humeur à massacrer ceux qui venait troubler sa soirée. Il se pencha donc à l'oreille de sa proie :

"Bonne nuit."

Et il trancha. Le sang gicla mais il avait retiré son bras à temps pour ne pas tacher sa manche, donc tout allait bien. Il laissa tomber le corps sous les cris excités des parieurs. Aux suivants maintenant.
Le morphème avisa deux des mercenaires qui s'étaient rapprochés l'un de l'autre sans s'en rendre compte, et commença à murmurer une incantation. Celle-ci eut pour effet d'embrouiller encore plus l'esprit de l'homme le plus proche, qui attaqua son coéquipier, pensant avoir affaire au Girudomasutâ.

Raphaël sourit en les regardant se battre et recula en direction du bar. Il allait se diriger vers une nouvelle victime lorsqu'il sentit quelque chose heurter son dos. C'était le barman, qui faisait face à un autre groupe de gorilles armés. Décidément, c'était presque une soirée à thème...

"Monsieur Kelen, je vous prie de mettre fin à cette lutte, qu'importe la manière ! Mon salaire a été assez diminué pour cette nuit !"

L'envoûteur passa sa main dans ses cheveux en jetant un coup d'oeil circulaire à la pièce. Il était vrai que les dégâts commençaient à être considérables.

"Hmm...vous avez sûrement raison. Ne vous en faites pas pour ça, je rembourserai le mobilier. Vous n'allez tout de même pas empêcher vos chers clients de s'amuser un peu, n'est-ce pas ?"

L'envoûteur passa sa main dans ses cheveux en jetant un coup d'oeil circulaire à la pièce. Il était vrai que les dégâts commençaient à être considérables.

"Hmm...vous avez sûrement raison. Ne vous en faites pas pour ça, je rembourserai le mobilier. Vous n'allez tout de même pas empêcher vos chers clients de s'amuser un peu, n'est-ce pas ?

-Il m'étonnerait fort que vous puissiez rembourser le mobilier... Et même si vous y parveniez, le patron ne se gênerait pas pour me faire payer de façon moins... Indécente. Je vous prie donc une nouvelle fois de faire cesser ce combat.

-Cesse de bavarder la traînée et affronte-nous si t'es un homme, lança l'un des poursuivants barman."

L’interpellé se mit en position de défense et attendit l'assaut...

Qui ne vint pas de l'homme face à lui mais de son comparse, qui se rua sur lui, toute hache fraîchement aiguisée dehors.

Kealey se serait contenté d'esquiver s'il n'y avait pas eu l’envoûteur derrière lui mais il s'avança vers son adversaire...

Qui abattit sa hache à un bon mètre de lui.

Le brun le regarda, effaré, rompant sa garde et se redressant. Ce n'est qu'en entendant une épée siffler au dessus de sa tête qu'il se souvint des autres barbares, qui avaient apparemment décidé de l'attaquer tous à la fois.

Mais le sort du Girudomasutâ les affectaient, aussi trois d'entre eux furent tués par leurs compagnons tandis que les autres essayaient simplement de comprendre ce qui leur arrivait.

L'un d'eux lança une dague dans la direction de celui qu'il pensait être le barman. Kealey vit ladite dague se diriger droit vers le morphème qui était de dos, occupé avec ses propres adversaires.

"Il m'étonnerait fort que vous puissiez rembourser le mobilier... Et même si vous y parveniez, le patron ne se gênerait pas pour me faire payer de façon moins... Indécente. Je vous prie donc une nouvelle fois de faire cesser ce combat."

Haussement d'épaule. De toute façon, au point où ils en étaient, le combat ne cesserait que lorsqu'ils en auraient fini avec leurs adversaires. Bien sûr, il aurait pu utiliser son sort de trêve pour les figer et en terminer bien plus rapidement...mais ça, le barman ne pouvait pas le savoir. Ce dernier avait d'ailleurs fait volte-face vers ses adversaires qui le menaçaient toujours. Le girudomasutâ se plaça dos à lui pour s'occuper de son propre problème.
L'un des deux types de tout à l'heure était mort, tué par son comparse qui était lui même à terre à cause d'une blessure à la jambe. Une vague somnifère, et il était hors d'état de nuire pour un moment. Plus que 5, donc.

Il envoya un envoûtement d'oppression sur un autre mercenaire qui s'apprêtait à détruire une nouvelle chaise. Sous l'emprise du sort, la cible s'arrêta de respirer, suffoqua un instant et finit par s'effondrer sur le plancher, mort. Et de 4.
Il allait attaquer son 5e ennemi, lorsqu'il sentit soudain les spectateurs s'exciter. Un sifflement se fit entendre dans son dos, et il eut juste le temps de se baisser avant de voir une dague transpercer l'air à l'endroit même où se trouvait sa tête quelques dixièmes de seconde auparavant.
Il se retourna vers le barman et ses "amis", contrarié.

"Si vous voulez qu'on en finisse vite, dites à ces messieurs de jouer calmement. Je suis occupé, là."

Puis il retrouva le sourire en voyant un nouvel adversaire s'avancer.