Galops résonnant au loin. Le cheval noir avait rejoint le Sanctuaire en ruines en moins de temps qu'il n'en faudrait normalement. Pour une fois, Nindaeï était suffisamment impatiente pour couper à travers bois et champs. Sa cape battait au vent. Dès qu'elle arriva sur place, elle attacha son cheval dans une clairière à environ 200 mètres du Sanctuaire. L'amener avec ne s’avérerait pas très judicieux. La dernière fois, les ruines des Séraphins n'étaient pas inhabitées. Cette fois n'y ferait peut-être pas abstraction.
Pendant que la vampire harnacha son étalon ébène à un chêne robuste, elle entendit des voix au loin.
« ... envie de pisser ! »Pas le droit au doute, avec une telle manière de parler, ce type de langage et la voix rauque remuée d'alcool, cela ne pouvait être que des gardes. Tant pis. Il faudra faire avec. Ou même sans...
D'un pas léger et rapide, l'assassine ne tarda pas à se retrouver adossée à un mur délabré, formant ce qui devait être les pare-vents de l'entrée principale. Il n'y avait que ce tas de ruines entre elle et le garde resté veiller. Néanmoins, elle choisit d'aller plutôt sur le restant de toit de l'entrée en contournant le reste de bâtiment. Plus haut. Moins visible. Plus discret. Plus proche du ciel et loin de la lumière du feu, éloignant l'obscurité crépusculaire. Tandis qu'elle avait grimpé sur le toit, usant des pierres environnantes pour bondir dessus et de quelques accroches en glace, Nindaeï pensa aussi que depuis un pareil promontoire, elle pourrait apercevoir plus aisément son apprentie arriver.
En fait, cela ne faisait que quelques minutes que ses bottes crochaient au reste des tuiles du Sanctuaire avant que ses yeux n'aperçoivent Obligiante au loin. Les gardes devaient aussi la gêner. Du moins, le seul garde visible. L'autre était derrière un fourré pour faire sa petite affaire. Leur hygiène était déplorable, car même l'odeur de leur sang ne semblait pas assez forte pour couvrir l'odeur d'un manque cruel de bains et de vêtements propres. La vampire pesta légèrement avant de sortir une dague de sa botte. Dos à un mur formant ce qu'il restait du beffroi avant, la cryomancienne lançait et rattrapait la lame dans sa main.
Trop simple de le lancer sur ce garde qui ne verrait rien arriver. Pas amusant de juste le réveiller avec une éraflure à l'arme blanche ou de le faire sombrer dans un sommeil autrement plus long. Une idée lui traversa l'esprit.
Fermant les yeux un court instant, sa main déjà glaciale semblait imprégner l'arme de cette froideur, avec une légère aura blanchâtre. D'un geste rapide et puissant, elle lança la dague qui alla se planter aux pieds de l'elfe. Le garde s'était penché pour récupérer sa flasque tombée à terre au même moment. Il n'y aurait vu que du feu, s'il avait capable d'avoir des yeux dans le dos. Timing parfait. Dès que la lame percuta le sol et s'y planta, une sorte de petit halo de glace se dessina autour. Puis, des lettres de gel apparurent sur la minuscule patinoire artificielle.
« Choisir qui peut vivre ou qui peut mourir. »
Un message clair. Et elle lui avait offert une manière de réaliser les deux choix qui s'offraient à elle. Soit assassiner le garde. Soit être suffisamment discrète pour passer à côté sans qu'il ne la repère pour rejoindre son mentor.
Le premier test de cet apprentissage. Le premier parmi d'autres...