Raphaël ne prit pas la peine de changer d'expression. Il n'était pas vraiment sensible aux traits d'humour, et surtout pas dans ses conditions. Coup d'oeil alentours ; rien ne semblait avoir changé depuis que le Girudomasutâ avait quitté la maison, dans la matinée. Il en fut soulagé, mais ne le montra pas.
Les trois hommes étaient entrés par la fenêtre de la pièce principale, là où se trouvaient la majorité des livres. Heureusement pour eux d'ailleurs. Atterrir dans la cuisine aurait été plus délicat.
"Davros, restez près de la fenêtre. Il ne faut pas que quelqu'un se rende compte de notre présence."
L'homme en rouge obéit aussitôt, sans rien dire. Quant à lui, il se saisit d'une sacoche de cuir posée contre un mur, et se dirigea à grands pas vers la bibliothèque. Il ne pouvait tout emmener, à son grand désespoir, et devait donc choisir avec soin les livres les plus précieux, les plus rares, les plus utiles. Il se mit à balayer du regard les étagères. Les reliures de cuir étaient splendides, même si certaines étaient plus abîmées que d'autres. Il se mit à sélectionner les ouvrages, un par un. Certains étaient des cadeaux d'Arguius, d'autres des trésors achetés une fortune à certains experts. D'autres de simples trouvailles. Quand le sac fut plein, il en remplit un deuxième, puis un troisième. Le quatrième fut destinés à d'autres objets, plus ou moins utiles mais auxquels il tenait. Il tendit deux des sacs à son Mi no Kyodai, ne poussant pas le vice jusqu'à utiliser l'homme de Sauloon comme porteur.
Une fois ces derniers préparatifs effectués, il prit place dans l'un des fauteuils, une dernière fois, et se tourna vers les deux hommes.
"Bien, à présent écoutez. Je pense savoir comment faire pour nous cacher, j'y ai pensé tout à l'heure. Un refuge assez vaste pour des centaines d'hommes est difficilement trouvable dans les parages, mais il y a une possibilité. Le port. Le vaisseau-mère d'une flotte de pirates mouille actuellement sur la côte. L'usurpatrice ne s'attendra pas à ce que les rebelles se rassemblent aussi vite, sous son nez, et surtout pas dans un QG mobile."
Il fit une pause, se massa le poignet gauche avec un air grave.
"Le bateau a plusieurs avantage. Il appartient à des pirates de la faction, il est difficile d'accès, très bien armé, rapide et permet donc de fuir facilement en cas de problème. De plus, la flotte royale est relativement limitée, par rapport à la flotte marchande, et en cas d'assaut nous auront le dessus si tout va bien. Pour finir, nous n'auront aucun mal à nous procurer des ressources directement à leur arrivée en ville."
Oui, plus il y pensait et plus il lui semblait que cette option était la meilleure. Les marins pouvaient pourraient faire circuler le secret parmi les membres facilement, et tous ceux qui risquaient d'être recherchés par l'Alliance pourraient venir s'y réfugier. Une fois installés, il ne leur suffirait plus qu'à mettre au point un plan de bataille. Récupérer le pouvoir était urgent.
"Davros, vous pourrez en informer votre Girudomasutâ. Si Sauloon décide de venir me voir, elle saura où me trouver. Nous vous laissons partir de votre côté, vous avez sûrement à faire."
Puis il se leva, avec un soupir. Cet endroit lui manquerait, c'était certain. Il s'y était installé à son arrivée dans la cité, et l'avait gardé malgré les appartements mis à sa disposition au Dragon Rouge. Il s'y sentait bien. Mais il fallait se résoudre à partir.
"Reivax, on y va. Je nous couvre de nouveau, nous ne devrions pas avoir plus de problème que précédemment. Les gardes de l'Alliance sont définitivement stupides."
Il sortit le premier, cette fois, par la fenêtre, comme ils étaient arrivés. Un chat noir sortit d'une ruelle et s'approcha de lui : c'était celui qu'il nourrissait tous les jours depuis qu'il était arrivé. L'animal se frotta contre sa jambe, l'envoûteur eut un léger sourire et se baissa.
"Grimpe. Tu vas mourir de faim, si je te laisse là."
L'intéressé ne se fit pas prier et se percha sur l'épaule du jeune homme. Pendant ce temps, Reivax atterrissait à son tour sur le pavé de la ruelle. Les trois se laissèrent envelopper dans un nouveau sort de confusion, et ils disparurent.
Le hibou quittait le nid.
[Sortie du RP]